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Edité par Mathilde Durand, avec AFP , modifié à
Le Premier ministre Édouard Philippe vient d'annoncer une série de mesures pour sauver le tourisme. Les professionnels du secteur sont partagés entre soulagement et inquiétudes quant à leurs questions sans réponses.
INTERVIEW

Vacances d'été, plan massif de soutien, le Premier ministre Édouard Philippe a présenté jeudi une série de mesures pour sauver le secteur du tourisme face à la crise du coronavirus. "Les Français pourront partir en vacances en France en juillet et août", a assuré le chef du gouvernement, sous réserve toutefois "de possibles restrictions très localisées" en fonction de l'évolution de l'épidémie. Un plan de soutien "sans précédent" de "18 milliards d'euros" d'engagements a également été annoncé. Qu'en pensent les professionnels du secteur ? 

"Un horizon" pour le tourisme

La perspective de la possibilité de vacances donne "un horizon", selon Didier Arino, directeur de Protourisme. "La perspective de juillet/août est déjà très bien, cela redonnera le moral aux opérateurs du tourisme car je rappelle que 20 à 25% d'entre eux envisageaient de ne pas rouvrir cet été, si des annonces n'étaient pas faites rapidement, car ils doivent recruter leurs saisonniers, préparer les ouvertures, définir les protocoles et être sur des offres qu'ils pourront proposer aux clients", explique-t-il sur Europe 1. 

Didier Arino salue l'ampleur du plan annoncé par le gouvernement. "Il y avait nécessité parce que ce secteur est véritablement en danger avec une possiblilité de pertes de centaines de milliers d'emplois, avec un impact considérable sur les territoires, et notamment ceux qui vivent du tourisme en espace balnéaire, mais aussi à la montagne et à la campagne", poursuit le directeur de Protourisme. 

Quid de l'exonération des charges ?

Le chef du gouvernement a également acté un accès étendu au fonds de solidarité, 1.500 euros d'aide versés chaque mois aux entrepreneurs en difficulté, et l'accessibilité du chômage partiel jusqu'à la fin de l'année pour les professionnels du secteur. "Un premier pas" qui ne suffit pas, estime David Morel, codirigeant de la chaîne d’hôtels Balladins. "Il faut se rendre compte que la plupart des hôteliers qui ont rouvert depuis le 11 mai n'ont quasiment pas de chiffre d'affaires. Dans le dispositif d'activité partielle, il faut bien avancer les salaires, et donc avoir de la trésorerie, ce que n'ont pas aujourd'hui nos hôteliers", développe le dirigeant au micro d'Europe 1. 

David Morel pointe par ailleurs une autre demande du secteur pour l'instant sans réponse : l'exonération de paiement des charges sociales jusqu'à la fin de l'année. "Dans les hôtels, le processus de réservation est lent, notre niveau normal d'activité ne va pas arriver avant plusieurs mois", explique David Morel. Le gouvernement n'a pas fait de geste sur la TVA, qu'un collectif de restaurateurs emmené par Olivier Bertrand, le patron du groupe Bertrand (Quick, Burger King, Hippopotamus...) souhaitait voir abaissée à 5,5%.

Le bout du tunnel pour les restaurateurs

Édouard Philippe a également évoqué dans son intervention la situation des bars et des restaurants. Ils devraient pouvoir ouvrir dans les zones vertes à partir du 2 juin, dans le respect des mesures sanitaires. La décision finale doit être prise dans la semaine du 25 mai. Un soulagement pour Alain Fontaine, président de l'Association Française des Maîtres Restaurateurs. "C'est très important car dans les zones vertes (peu affectées par le coronavirus), il y a toutes les plages, les saisonniers", explique-t-il sur Europe 1. "La plupart des restaurants qui sont très liés aux vacances des Français sont prêts à rouvrir leurs portes et recevoir la clientèle."

Selon ses estimations, sur 207.000 points de restauration (comprenant les sandwicheries ou fast-food), 150.000 pourraient rouvrir. "En restauration places assises, service à table il pourrait y avoir 60.000 qui rouvrent sauf que beaucoup auront disparu entre temps", s'inquiète le président de l'AFMR. Il rappelle également qu'environ 30.000 restaurants se situent encore dans des zones rouges, et donc ne pourront pas rouvrir leurs portes. 

Les opérateurs du tourisme sont ainsi partagés entre espoirs et inquiétudes. "Ils vont pouvoir se mettre dans une dynamique d'ouverture, une dynamique d'action", constate néanmoins Didier Arino, directeur de Protourisme, qui appelle à ne pas oublier les emplois dépendants du tourisme mais non concerné par les aides : les pêcheurs, viticulteurs ou encore fournisseurs. "Les effets collatéraux touchent presque 4 millions de personnes."