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Hélène Terzian et Nicolas Feldmann, édité par Rémi Duchemin , modifié à
L’angoisse monte en Italie, confrontée à une flambée des cas du nouveau coronavirus. Et la peur gagne le département limitrophe des Alpes-Maritimes, où l’on enregistre des flux quotidiens de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le député Eric Ciotti réclame un rétablissement de la frontière. Inutile, lui répond le professeur Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé.

Carnaval de Venise stoppé, onze villes en quarantaine pour deux semaines, train pour l'Autriche stoppé… L’Italie a pris des mesures drastiques après une soudaine et spectaculaire flambée des cas du nouveau coronavirus en trois jours. Une situation qui inquiète forcément les voisins frontaliers, dont la France, et particulièrement le département des Alpes-Maritimes, où l'on enregistre des flux quotidiens de plusieurs dizaines de milliers de personnes entre les deux pays. Résultat, le député LR Eric Ciotti réclame au Premier ministre Edouard Philippe un plan d'urgence dans les Alpes-Maritimes, incluant le rétablissement de la frontière terrestre, avec des contrôles à la clé.

"Il y a d’abord la question des flux avec l’Italie. Est-ce que ces flux doivent être maintenus, compte tenu de la situation d’extrême urgence avec l’Italie, avec des cas qui augmentent de façon exponentielle ?", s’interroge l’élu Les Républicains, joint par Europe 1. "Et puis il y a l’adaptation de nos services hospitaliers, de nos services d’urgence, pour qu’ils puissent faire face à une situation d’épidémie ou de pandémie. Donc il faut que tout cela soit pris en compte", plaide encore Eric Ciotti.

"On aurait vraiment du mal à avoir des contrôles significatifs"

Mais pour Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, une fermeture de la frontière avec l’Italie serait avant tout inefficace. "On est dans l’espace Schengen, donc c’est compliqué d’imaginer qu’on mette en place des contrôles aux frontières sur une frontière terrestre alors qu’il y a une frontière maritime, des échanges aériens et qu’on peut se rendre d’Italie en France en passant par la Suisse ou par l’Autriche. Donc on aurait vraiment du mal à avoir des contrôles significatifs", rappelle le professeur. "Ça n’aurait pas de sens. Les virus n’ont pas de frontières. Ça pourrait retarder la diffusion, mais ça ne pourrait pas l’arrêter", abonde Eric d'Ortenzio,​ Médecin épidémiologiste à l'INSERM, interrogé sur Europe 1. "La fermeture des frontières n’a jamais arrêté des épidémies. Ce n’est pas une bonne mesure. D’ailleurs l’OMS ne le recommande pas."

Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut rien faire. "Par contre, on va vraiment renforcer l’information", assure Jérôme Salomon. "On souhaite que tout le monde soit informé dans un sens comme dans l’autre, qu’il y a bien un foyer en cours d’investigation en particulier en Lombardie. Et inversement que les personnes qui proviennent de Lombardie sachent quoi faire. Et donc appeler le 15 si par hasard elles avaient une infection respiratoire dans les jours qui suivent leur séjour", conclut le directeur général de la Santé.