Confinement : pourquoi la situation est-elle encore plus difficile à vivre pour les adolescents ?

  • Copié
Catherine Blanc, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Difficile à vivre, le confinement peut l'être encore plus pour les adolescents qui sont en train "d’émerger de la cellule familiale". Dans "Sans Rendez-vous", la psychanalyste Catherine Blanc analyse cette sensation de toute-puissance, et vous donne quelques astuces pour vous aider à trouver les bons mots.  

Le confinement contre le Covid-19 est à coup sûr une période difficile à traverser pour chacun d'entre nous. Mais cette épreuve l'est d'autant plus pour les adolescents : entre deux âges et en pleine affirmation de leur personnalité, il peut se révéler compliqué de devoir se soumettre à l'autorité "tel un enfant". Dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la psychanalyste Catherine Blanc essaye de décrypter ce mécanisme et distille ses conseils pour contenir la situation. 

Une toute-puissance nécessaire pour "affronter la vie"

"Un peu comme un jeune lion qui veut aller se battre contre le chef de meute, il est tout à fait naturel de voir un adolescent aller face au danger", explique la spécialiste. Et c'est même une bonne chose, en temps normal, puisque c'est ce sentiment qui va lui donner la volonté "d'affronter la vie". "Et comme on n'y est jamais complètement prêt, il faut bien une idée de toute-puissance pour le faire", détaille Catherine Blanc. 

"Il faut cette inconscience pour pouvoir gagner du territoire petit à petit en dehors du champ parental". Mais dans le cas du confinement, "ils se retrouvent en face d'une contrainte qui leur est nécessairement imposée". Et c'est d'autant plus difficile pour eux que l'adolescence est un moment où "il y a une pulsion sexuelle qui a besoin de trouver un support. Or, être confiné avec ses parents représente la crainte inconsciente que ce désir sexuel et pulsionnel se porte sur ces derniers."

Un interdit ferme nécessaire de la part des parents

Mais l'adolescence est également l'âge des premiers amours, avec tout ce que cela comporte. En l'occurrence, dans une situation de confinement, une raison de plus de ne pas suivre les règles. Dans ce cas de figure, si une explication ne suffit pas, il faut être "tyrannique", affirme Catherine Blanc. "On a beaucoup de mal aujourd'hui à poser des interdits fermes, mais à un moment il faut bien comprendre qu'aimer quelqu'un, c'est aussi l'aimer contre lui-même et contre le mal qu'il pourrait se faire". 

Pour la psychanalyste, il est fondamental que les adolescents prennent conscience que "la pulsion sexuelle peut attendre et que c'est le moment d'érotiser la relation pour se retrouver follement et fortement".