Luc Fournié avait été condamné à sept ans de prison en première instance. 2:00
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Benjamin Peter et O.G avec AFP , modifié à
Vendredi, la Cour d'assises  de Haute-Garonne a condamné en appel le buraliste qui avait tué un cambrioleur d'un coup de fusil à dix ans de prison. Me Georges Catala, avocat du buraliste, a fait part de son incompréhension au micro d'Europe 1. Samedi, la défense a annoncé sa décision de se pourvoir en cassation.

Vendredi soir, le verdict est tombé : Luc Fournié, le buraliste du Tarn qui avait tué en 2009 un jeune cambrioleur de 17 ans d'un coup de fusil, a été condamné à dix ans de prison. Trois années de plus qu'en première instance. La légitime défense a été écartée par les jurés. Au micro d'Europe 1, l'avocat du buraliste, Georges Catala a exprimé son incompréhension et a confirmé samedi à l'AFP, sa décision de se pourvoir en cassation.

"Condamné en criminel ? Je ne peux l'imaginer". "C'est une profonde indignation, un sentiment d'injustice et d'incompréhension", lâche le conseil. "Je ne peux pas imaginer qu'un homme qui se trouve chez lui, à 2H du matin, qui ne demande rien à personne, quelle qu'ait été sa maladresse dans sa défense, puisse être condamné comme un criminel", estime-t-il.

Me Georges Catala rappelle qu'au premier procès, l'avocat général avait abondé dans le sens du buraliste de 59 ans, évoquant la légitime défense. "La deuxième fois, on lui dit l'inverse", s'insurge l'avocat. "Et vous avez ce verdict complètement abérrant et incompréhensible".

Un procès "inéquitable". Au lendemain de la condamnation, la défense a annoncé samedi à l'AFP sa décision de se pourvoir en cassation pour ""porter le débat au niveau des plus hautes instances judiciaires" après un procès qu'elle juge "inéquitable". "Il ne nous appartient pas de commenter une décision de justice, dont l'alchimie -plus de 5H de délibéré- nous échappe", affirment dans un communiqué Me Laurent Boguet et Me Georges Catala, qui défendent Luc Fournié.

Au deuxième jour du procès, la défense avait demandé le renvoi du fait du second adolescent qui s'était introduit par effraction dans le bar-tabac du buraliste. Le jeune homme, actuellement en Nouvelle-Zélande, avait été entendu en première instance. La cour avait rejeté cette demande de renvoi, en précisant cependant qu'elle ne "tiendrait aucun compte des déclarations de l'adolescent qui pourraient être défavorables à l'accusé, sauf confirmées" par ce dernier.

À bout portant. En 2009, quatre jours avant les faits, Luc Fournié avait découvert que les barreaux d'une des fenêtres de son établissement avait été sciés. Se sentant menacé, l'homme était allé chercher le fusil de son père et avait commencé à faire des rondes dans son bureau de tabac. Au moment du cambriolage, il avait tiré à bout portant sur la victime, manquant son complice qui prenait la fuite.

"La cour d'assises a démontré que l'intelligence devait l'emporter sur l'instinct". Pour les soutiens de la victime, ce verdict est beaucoup plus compréhensible. Maître Simon Cohen, avocat de la famille de la victime, a salué sur Europe 1 la décision du tribunal. "Certains pensent que l'intelligence devait l'emporter sur l'instinct. L'instinct l'emporte toujours sur l'intelligence. La Cour d'assises a démontré que l'intelligence devait l'emporter sur l'instinct", estime le conseil. "La cour, les magistrats, les jurés, ont refusé ce glissement dangereux de la légitime défense à l'auto-défense". "Ils ont refusé que la force l'emporte sur le droit", conclut l'avocat.