Certains dons servent déjà à sécuriser le chantier sur lequel travaillent aujourd'hui 150 ouvriers. 2:51
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Anne-Laure Jumet, édité par Clémence Olivier , modifié à
Alors que le Sénat examine lundi le texte encadrant la restauration de Notre-Dame, Europe 1 fait le point sur la collecte de dons et leur utilisation. 
ENQUÊTE EUROPE 1

Le Sénat examine lundi le texte encadrant la restauration de Notre-Dame, défigurée par un violent incendie il y a plus d'un mois. Un événement qui a suscité un élan de générosité de la part de particuliers comme des entreprises et des collectivités. Mais où en est-on de la collecte ? Et ces dons ont-ils déjà commencé à servir ? Europe 1 fait le point.

Où en est-on de la collecte ?

Un mois après l'incendie, les promesses de dons pour Notre-Dame, tous organismes confondus, ont atteint 850 millions d'euros. Un montant suffisant pour restaurer la cathédrale, a estimé la Fondation du patrimoine, l'un des quatre organismes agréés par l'État pour collecter les dons. Il y a quinze jours, elle a décidé de stopper la souscription pour Notre-Dame. Cette initiative a été vécue comme une trahison par le ministre de la culture Franck Riester. "Même si la promesse de dons est aujourd'hui de 850 millions d'euros, il est beaucoup trop tôt pour conclure que nous avons suffisamment d'argent ou trop d'argent pour restaurer Notre-Dame", a-t-il estimé. Et "il peut y avoir une différence entre les promesses de dons et le versement réel".

Concrètement, les organismes collecteurs ne sont pas inquiets au sujet des grands donateurs comme le milliardaire François Pinault, le groupe Total ou Bernard Arnault. La Fondation Notre-Dame a d'ailleurs rendez-vous lundi avec LVMH pour planifier le versement des 200 millions d'euros promis par le dirigeant. En revanche, ils sont moins sûrs des dons promis par les collectivités car ceux-ci doivent faire l'objet de délibérations. Certaines municipalités ont d'ailleurs déjà fait machine arrière, comme Juigné-des-Moutiers, en Loire-Atlantique, Marck, dans le Pas-de-Calais, ou encore Morbecque, dans le Nord. Récemment, la Ville de Lyon a décidé elle aussi d'attendre avant de verser les 200.000 euros prévus.

Les dons ont-ils déjà commencé à servir ?

Certains dons servent déjà à sécuriser le chantier sur lequel travaillent aujourd'hui 150 ouvriers. "Nous avons encaissé 15,5 millions d'euros et l'État nous demande 3,6 millions d'euros pour financer cette sécurisation du chantier", détaille Christophe Rousselot, le délégué général de la Fondation Notre-Dame. "Quand la loi sera votée, nous allons avoir un descriptif du chantier par tranche et en fonction de ce descriptif, nous opérerons les versements".

En revanche, les dons faits par les particuliers sont toujours en cours de traitement. Par exemple, à la Fondation du patrimoine, il reste encore 6.000 chèques à traiter. Cela prend du temps car il faut établir les fiches donateurs avant d'envoyer ces chèques à la banque. De quoi occuper chaque jour une dizaine de personnes. Il faut aussi traiter les dons en liquide. "On a eu à peu près 5.000 euros en espèce, des billets de 50 euros, 20 euros, 10 euros…" détaille Idalina Alonso, la comptable de la Fondation du patrimoine, l'un des organismes collecteurs. Mais aussi des monnaies étrangères, comme ces 300 livres sterling en billets de 50 (l'équivalent de 341 euros, photo ci-dessous), donnés avec un petit mot. "On a aussi eu un touriste chinois qui est venu nous amener 100 euros en liquide, il ne parlait pas un mot d'anglais. Juste avec le mot Notre-Dame et son passeport, il nous a fait un don."

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(Crédit : Anne-Laure Jumet / Europe 1)

Peut-on encore donner via la Fondation du patrimoine ?

La Fondation du patrimoine, qui a décidé de stopper sa campagne pour Notre-Dame, continue néanmoins de traiter les dons qui lui arrivent. Elle a lancé un fond d'urgence pour les bâtiments en péril immédiat. "Ce sont des sites qui menacent de s'effondrer, fermés au public depuis des années, avec des périmètres de sécurité parce qu'il y a des pierres qui peuvent tomber sur les passants ou parce qu'il y a des risques de sécurité incendies qui ne sont pas du tout traités", explique la directrice générale de la fondation, Célia Vérot. "Nous pensons que le message de Notre-Dame, c'est qu'il y aussi toutes ces autres causes légitimes". La Fondation du patrimoine espère collecter entre 1 et 2 millions d'euros pour ce fonds d'urgence.

Par ailleurs, il est toujours possible de donner pour la reconstruction de la cathédrale via la Fondation Notre-Dame, le centre des monuments nationaux et la Fondation de France