Blocage des agriculteurs : pêcheurs, routiers, taxis... Ces professions qui pourraient rejoindre le mouvement

agriculteurs
© Frederic Moreau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
  • Copié
Ophélie Artaud / Crédits photo : Frederic Moreau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Alors que la contestation des agriculteurs s'amplifie de jour en jour, d'autres professions se sont jointes à certains blocages, comme les pêcheurs à Rennes, ou les routiers près de Lyon. Cette semaine, les chauffeurs de taxi ont également manifesté. Ces mobilisations ponctuelles et très localisées pourraient-elle mener à une convergence des luttes ?

Les agriculteurs seront-ils bientôt rejoints par d'autres secteurs professionnels ? Lancé il y a plus d'une semaine, le mouvement de contestation se durcit de jour en jour, avec une multiplication de blocages dans quasiment toute la France. Ce vendredi, deux autoroutes du sud de la France, l'A7 et l'A9, ont été fermées sur 400 kilomètres. Deux syndicats agricoles, la FDSEA et Jeunes agriculteurs d'IDF, menacent également un "blocus" de Paris. Les agriculteurs dénoncent notamment des normes excessives et des revenus trop bas. Ces derniers jours, sur certains points de blocage, le secteur agricole a été rejoint par d'autres professionnels.

Par exemple, à Rennes, les pêcheurs ont rejoint la mobilisation, et considèrent que leurs revendications se rapprochent de celles des agriculteurs : ils dénoncent les prix imposés sur le poisson, la dégradation de leurs conditions de travail ou encore l'interdiction de pêcher pendant un mois dans le golfe de Gascogne. Du côté de Lyon, les routiers se sont également joints aux agriculteurs en bloquant l'autoroute A7 ce mardi : eux aussi pointent du doigt des problèmes communs au secteur agricole, comme l'expliquait ce vendredi un chauffeur routier au micro de Pascal Praud sur Europe 1. "La concurrence déloyale, on est en plein dedans", assurait-il. Les chauffeurs de taxi ont manifesté de leur côté, notamment à Toulouse, pour s'opposer à l'inscription du covoiturage sanitaire dans le projet de loi de financement de la Sécurité (PLFSS) 2024.

La CGT appelle ses militants à "faire converger les revendications des salariés"

La mobilisation ponctuelle et localisée de ces secteurs pourrait-elle mener à une convergence des luttes ? C'est en tout cas ce que souhaiterait la CGT, qui a appelé jeudi ses militants à "créer les conditions permettant de faire converger les revendications des salarié(e)s, des travailleuses et des travailleurs agricoles et des agricultrices et des agriculteurs". Une proposition rejetée par le syndicat des Jeunes agriculteurs : "pour l'instant, il n'est pas question que la CGT se rallie à nous", a déclaré Arnaud Gaillot, le président du mouvement agricole, sur Sud Radio. "On ne s'est jamais rallié à des mouvements sociaux. On n'a jamais profité d'autres mouvements sociaux pour aller expliquer notre désarroi", insiste-t-il.

Pour l'instant, une conjonction des luttes semble peu probable. C'est également ce que soutiennent les renseignements territoriaux dans une note diffusée mercredi et dévoilée par FranceInfo. Selon eux, d'autres professions pourraient rejoindre le mouvement des agriculteurs, mais uniquement de manière "marginale", sauf "en Bretagne", où les pêcheurs se sont joint à la mobilisation. Pour les renseignements territoriaux, "le corporatisme agricole ne favorise pas la convergence des luttes. Si le 23 janvier une participation de routiers a été observée dans la Drôme, celle-ci n'a pas connu d'émulation."

Les secteurs de l'hôtellerie-restauration et la boucherie-charcuterie soutiennent les agriculteurs

S'ils n'envisagent pas de rejoindre la mobilisation, plusieurs professions ont affiché leur soutien aux agriculteurs. C'est notamment le cas de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) qui, dans un communiqué, a exprimé "son soutien aux agriculteurs en colère et comprend leur revendication de pouvoir vivre de leur travail", écrit le syndicat. "Comme eux, les restaurateurs subissent l'augmentation des prix des matières premières et de l’énergie et voient leurs marges érodées. De plus, l’importation de certains produits agricoles, parfois mal contrôlés, représente une concurrence déloyale mettant en péril nos agriculteurs locaux et la qualité de notre offre alimentaire", écrit l'Umih. De même, dans un communiqué publié sur X, la confédération de la boucherie, boucherie-charcuterie et des traiteurs a également apporté son "total soutien" aux agriculteurs et "appelle le gouvernement à agir avant que notre alimentation ne soit totalement déléguée à d'autres".

Reste à savoir si les annonces du Premier ministre Gabriel Attal vont calmer -ou renforcer- la gronde des agriculteurs et des professions qui les soutiennent.