Chez Lidl, les salariés sont "devenus des robots"

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Théo Maneval, édité par R.D. , modifié à
TÉMOIGNAGES E1 - Après les révélations de Cash investigation, la direction du groupe de distribution avait assuré que le malaise n’était pas général. Mais Europe 1 a rencontré plusieurs salariés qui dénoncent un management très dur. 
TÉMOIGNAGE

Trois jours après sa diffusion, la bombe Cash investigation continue de faire effet au sein du groupe Lidl. L’émission de France 2 dénonçait les conditions de travail au sein du groupe de distribution alimentaire. Depuis, un député a réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire, des magasins se sont mis en grève, des syndicats ont dénoncé des pratiques généralisées. Dans un communiqué, l'entreprise a admis des problèmes et de propos "inacceptables" tenus par un manager, mais évoqué un cas "isolé". Pourtant, Europe 1 a recueilli des témoignages de salariés de Lidl qui racontent subir ce management extrêmement dur.

"C''est moi le patron". De nombreuses déclarations concordent en effet, à commencer par celui de cet employé d'un entrepôt de l'Ouest de la France. L’homme ne supporte plus le casque audio du robot de commande vocale qu'il doit porter toute la journée. "L’ORL a constaté sur moi une baisse auditive sur mon oreille gauche. J’avais un papier qui disait que je n’avais pas droit à reporter le casque et le directeur de l’entrepôt est revenu pour me dire ‘tu prends ton casque, c’est comme ça, c’est moi le patron’", assure-t-il. "C’est de l’esclavage moderne."

"Ils m’ont harcelé". Autre région, autre poste : cet ancien directeur de magasin, en Rhône-Alpes. Sa direction régionale a voulu le muter, il a refusé. Il se dit aujourd'hui détruit. "Ils m’ont harcelé. Des contrôles, des audits tout le temps. La propreté, une feuille de salade tombée par terre, la pression constante…", énumère cet homme. "Du coup j’ai fait un burn out, j’étais au bout du rouleau. Je suis toujours sous cachets, je me sens moins que rien."

"Je rentrais chez moi, j’étais laminée". Et dans les allées des supermarchés, cette caissière, déléguée du personnel d'un magasin de l'Hérault, décrit elle aussi les pressions pour tenir des cadences de plus en plus intenses. Phénomène qui, pour elle, n'a rien d'isolé. "De partout, on est devenu des robots. Physiquement, il y avait des jours, je rentrais chez moi, j’étais laminée. Des lumbagos. Vous êtes en arrêt de travail, on vous jette votre arrêt de travail à la poubelle", dénonce-t-elle.

Une manifestation à venir. Dans l'entourage du directeur de Lidl, que nous avons tenté de joindre : pas de commentaire, sinon pour qualifier, encore, de "partiales et partielles" les révélations de ces derniers jours. A l'appel du syndicat UNSA, les salariés devraient aller manifester dans les prochaines semaines, devant le centre des Ressources Humaines de Lidl à Strasbourg.