Mireille Knoll 2:05
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Gwladys Laffitte , modifié à
Europe 1 s'est entretenue avec Daniel et Allan, les fils de Mireille Knoll, octogénaire juive tuée à son domicile en mars 2018. Alors que s'ouvre mardi à la cour d’assises de Paris le procès des deux accusés de son meurtre, les enfants de la victime se livrent et exigent "une juste punition" pour le principal suspect, Yacine Mihoub.
TÉMOIGNAGE

"Il n'y a pas de mots en français pour décrire ce qu'on peut ressentir." Avant le début du procès du meurtre de Mireille Knoll, mardi, les deux enfants de l'octogénaire juive poignardée en 2018 ont témoigné au micro d'Europe 1 pour confier leur sentiment sur ce "cap difficile" qu'est ce moment judiciaire à la cour d’assises de Paris. Sans réelles "illusions" sur la repentance des deux principaux accusés, qu'ils qualifient de "monstres" et de personnes qui ne sont pas des "êtres humains".

Un "sentiment de culpabilité"

Pour Daniel et Allan Knoll, le souvenir de ce soir de mars 2018 dans le 10e arrondissement de la capitale est encore très présent. "Le jour de son assassinat, j'étais avec ma mère et j'ai vu son assassin", explique Allan à propos de Yacine Mihoub, fils d'une voisine qui connaissait l'octogénaire depuis l'enfance et principal accusé du meurtre. "Quand je suis parti après lui avoir donné à manger à la becquée, j'ai ressenti un mal-être parce que je n'avais pas apprécié la façon dont il se conduisait, comme s'il était chez lui dans l'appartement de ma mère."

"Une heure après être parti, j'ai appelé pour savoir s'il était parti et ma mère m'a dit 'non, non, il est toujours là, il est en train de boire un porto avec moi'. Et après, toutes les heures, j'ai appelé", poursuit Allan Knoll. "À chaque fois que j'appelais, ma mère me répondait, jusqu'au moment où elle n'a plus répondu. Je n'y suis pour rien, mais j'ai un sentiment de culpabilité. Je n'aurais pas dû la laisser seule avec ce type."

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Allan et Daniel Knoll (crédits Gwladys Laffitte/Europe 1)

Qu'"une seule envie, les détruire"

Trois ans et demi plus tard, Allan Knoll va retrouver Yacine Mihoub, ainsi qu'un autre accusé, Alex Carrimbacus, à la cour d'assises de Paris. "Ça va me faire du bien de pouvoir comprendre qu'est ce qui s'est passé. Pour moi, ce n'est pas un être humain, donc je ne vais pas m'adresser à lui (Yacine Mihoub, ndlr). Je veux une juste punition et qu'il se souvienne toute sa vie de l'acte qu'il a commis."

Son frère, Daniel, aborde ce "cap" différemment : "Quand vous avez deux monstres en face de vous, vous n'avez qu'une envie, c'est de les détruire", avance-t-il. "Si jamais il y en a un des deux qui a un moment d'humanité, peut-être qu'il pourra dire qu'il regrette et qu'il n'aurait jamais dû faire ça. Mais je ne me fais aucune illusion. Ce sont des monstres et je n'attends rien d'eux."

"L'horreur" de ne pas pouvoir dire adieu à Mireille Knoll

Lui ne comprend pas ce geste, ce meurtre dont le caractère antisémite a été retenu par les juges d'instruction dans leur ordonnance de mise en accusation, en juillet 2020. "Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?", répète Daniel Knoll. "Quelqu'un qui connaît ma mère depuis l'âge de huit ans et qu'elle chérissait et qu'elle aimait, pourquoi lui avoir fait tant de mal ? C'est insupportable et incompréhensible. Non seulement il l'a poignardée puis brûlée, mais on n'a même pas pu l'embrasser. L'horreur." Le procès est prévu jusqu'au 10 novembre.