Bygmalion : le procès de Nicolas Sarkozy renvoyé au 20 mai

Nicolas Sarkozy n'était pas présent à l'audience ce jeudi, en raison de la demande de renvoi.
Nicolas Sarkozy n'était pas présent à l'audience ce jeudi, en raison de la demande de renvoi. © Bertrand GUAY / AFP
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Europe 1 avec AFP
L'avocat de Jérôme Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne électorale de 2012 de Nicolas Sarkozy, et protagoniste clé dans l'affaire Bygmalion, est hospitalisé en raison du Covid-19. Le procès qui devait initialement s'ouvrir ce jeudi est donc repoussé au 20 mai. 

Le procès de l'affaire Bygmalion et des dépenses excessives de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été renvoyé mercredi au 20 mai, en raison de l'hospitalisation de l'avocat d'un des prévenus. Audiencé sur un mois, il se tiendra jusqu'au 22 juin, a décidé le tribunal après plus d'une heure trente de délibéré. Le procès était initialement prévu du 17 mars au 15 avril.

Prévenu le plus attendu du procès, l'ancien président de la République ne s'est pas présenté à l'audience en raison de la demande de renvoi, a-t-il fait savoir. À l'origine de la demande de renvoi, Jérôme Lavrilleux - à l'époque directeur adjoint de la campagne - a assuré à la barre qu'il aurait pourtant souhaité que ce procès se tienne au plus vite. "J'attends ce procès, de pouvoir vous répondre, depuis février 2017", a-t-il déclaré au tribunal. 

Son avocat Me Christian Saint-Palais est atteint du Covid-19 et hospitalisé. "Je n'ai jamais, au cours de cette instruction, voulu la retarder par un recours. Mais là, je suis désemparé", a expliqué, la voix nouée, Jérôme Lavrilleux. Tous les avocats y compris ceux des parties civiles ainsi que le parquet ont donné leur aval au renvoi demandé par Jérôme Lavrilleux.

Un calendrier judiciaire chargé

Jérôme Lavrilleux est un protagoniste central de cette affaire qui a causé des déflagrations en cascade à droite, et le premier à avoir avoué sa participation à une vaste escroquerie à base de fausses factures, visant à attribuer au parti UMP (devenu depuis Les Républicains) les dépenses excessives de la campagne Sarkozy.

À l'audience, l'avocat historique de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a fait passer au tribunal un courrier expliquant que son client avait été "informé de la demande de renvoi" et, de ce fait, "n'entendait pas être présent".

C'est la seconde fois en quinze jours que l'ex-président se retrouve devant la justice. Le 1er mars, il était devenu le premier ex-président de la Ve République à être condamné à trois ans d'emprisonnement, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence. Il encourt dans le dossier Bygmalion un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende.

Campagne "éclair" et dépassement du plafond légal des dépenses

Contrairement à ses 13 co-prévenus - anciens cadres de Bygmalion et de l'UMP, experts-comptables - renvoyés notamment pour escroquerie ou complicité, Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures imaginé pour masquer les dépenses excessives de sa campagne. Mais, selon l'accusation, Nicolas Sarkozy a laissé filer les dépenses malgré plusieurs alertes claires sur les risques de dépassement de plafond et il a "incontestablement" bénéficié de la fraude qui lui a permis de disposer de "moyens bien supérieurs" à ce qu'autorisait la loi : au moins 42,8 millions au total, soit près du double du plafond légal à l'époque (22,5 millions d'euros).

L'enquête décrit une campagne qui se voulait d'abord "éclair" pour le président sortant - seuls une quinzaine de meetings prévus, dont trois ou quatre grands rassemblements. Mais la machine s'emballe : "moyens techniques les plus en pointe" pour la scène, le son et l'éclairage, "mise en scène grandiose et millimétrée" pour les grands meetings... les prix n'en finissent plus de grimper. Et alors que les premières alertes de risques de dépassement tombent, le candidat demande au contraire qu'on accélère le rythme. Il y aura au total plus de 40 meetings.

Le risque d'une nouvelle guerre fratricide à droite

Pour éviter au candidat de devoir reconnaître publiquement que ses dépenses avaient dérivé "de manière spectaculaire", "avec les conséquences politiques et financières" qui s'en seraient suivies, il a été décidé de "purger" le compte de campagne, soutient l'accusation. Grâce à un système de double facturation, le prix des meetings est drastiquement réduit et le reste est facturé à l'UMP, au nom de conventions fictives du parti. Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française, le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé se rejetant mutuellement la responsabilité de la fraude.