Les enseignants menacent de boycotter ces épreuves (photo d'illustration). 3:44
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Séverine Mermilliod
La réforme du bac a toujours du mal à passer chez les professeurs qui, pour certains, menacent de ne pas surveiller les premières épreuves de contrôle continu de lundi. Frédérique Rolet​, secrétaire nationale de la première fédération syndicale de l'enseignement (SNES-FSU), revient sur les raisons de la mobilisation.

Les épreuves de contrôle continu du baccalauréat commencent pour la plupart lundi 21 janvier pour les élèves de première. Or, certains professeurs menacent de ne pas surveiller ces épreuves ou de ne pas corriger les copies. Ils sont remontés contre ce bac nouvelle formule, qui n'est en plus pas assez préparé selon eux. Alors que va-t-il se passer lundi ? Frédérique Rolet​, secrétaire nationale et porte-parole du SNES-FSU, première fédération syndicale en France de l'enseignement, était l'invitée d'Europe 1 pour en parler. Elle constate des problèmes d'organisation et d'égalité entre élèves.

Les E3C, épreuves communes de contrôle continu, sont organisées localement et les sujets choisis de la même manière. "C’est l’un des gros problèmes : les établissements doivent choisir le jour, organiser les surveillances, préparer les salles, le ramassage des copies, etc", rappelle Frédérique Rolet. Or il y a selon elle deux problèmes majeurs : l'organisation et l'égalité des chances des élèves.

Problèmes matériels et crainte de défavoriser les élèves

"On sait déjà que des établissements ont dû annuler les épreuves qui étaient prévues. Cela a été le cas par exemple à Nîmes dans le Gard, l’académie de Montpellier étant très mobilisée", détaille la secrétaire nationale. "Donc on a déjà des académies où les inspecteurs pédagogiques régionaux descendent dans les établissements pour discuter avec les collègues, parce qu'il y a un mouvement très important de refus de choisir les sujets". 

Les établissements font de plus face à "des problèmes matériels extrêmement importants. Le ministère a acheté, fort cher d’ailleurs, des scans dont il a doté les établissements pour avoir une correction dématérialisée des copies. Ces scans, pour certains d’entre eux, ne reconnaissent pas la couleur ! Or dans les sujets d’Histoire-Géographie, il y a des cartes, des couleurs, ça peut être embêtant", déplore la porte-parole du SNES-FSU. "En mathématiques aussi, il y a eu peu de sujets proposés dans la banque nationale, et qui en plus ne correspondent pas à ce qui a été travaillé avec les collègues durant le premier semestre. Difficile, donc, d’interroger des élèves sur des notions qu’ils n’ont pas vues".  

"Des conseils ont été donnés sur le chapitre qu'il fallait réviser"

Autre cause de la mobilisation des enseignants, les différences de traitement entre établissements. "On a déjà de gros problèmes d’égalité", note Frédérique Rolet qui rappelle que "dans une académie notamment, en Histoire-Géo, des conseils ont été donnés sur le chapitre qu’il fallait réviser", justement par "crainte de défavoriser certains élèves". "Des professeurs disent qu’ils sont habitués, dans un lycée où le niveau est plus faible, à avoir une évaluation formative : pour encourager les élèves, on note leur progression. Là, normalement, on est censé être devant un verdict national. Alors comment note-t-on les élèves ? Par rapport au niveau attendu, ou comme d’habitude dans le cadre d’un contrôle continu, pour valoriser les efforts et progrès qu’ils ont pu faire ?"