"Bon appétit et large soif" : les gastronomes disent adieu à Monsieur Paul

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Jean-Luc Boujon, édité par A.H. , modifié à
Des centaines de chefs étoilés et d'admirateurs étaient présents à Lyon, vendredi, où étaient célébrées les obsèques du "pape de la gastronomie", Paul Bocuse.
REPORTAGE

La ville de Lyon et le monde de la cuisine ont dit adieu à leur cher Paul Bocuse. Les obsèques du chef français le plus connu au monde, mort à l'âge de 91 ans samedi, se sont déroulées dans l'immense cathédrale Saint-Jean de Lyon. Et le parterre de chefs venus lui rendre hommage était particulièrement impressionnant. 

"La Saône déborde de tristesse". Plusieurs centaines de chefs venus du monde entier, mais aussi 110 chefs français, parmi lesquels plusieurs étoiles Michelin, étaient présents. En tenue de cuisine blanche, ils ont formé une haie d'honneur à l'arrivée du cercueil de celui que tout le monde appelait Monsieur Paul. Son copain d'enfance, Pierre Troisgros, 91 ans et trois étoiles dans son restaurant de Roanne, a été le premier à prendre la parole. "La Saône, ta rivière chérie, est en peine. Elle déborde de tristesse. Mais nous ne serons pas tristes. Tu n’aurais pas aimé, toi qui t’es amusé toute ta vie. Que dis-je, tu as eu trois ou quatre vies, comme le soulignaient ceux qui te côtoyaient. Des vies que tu as rempli avec gaieté et gourmandise, mais toujours en partageant avec les autres", a-t-il souligné dans son discours, la gorge serrée par l'émotion.

" Soyez le bienvenu pour ce banquet céleste "

"La fête de votre vie fut belle". Ce sens du partage et de l'amitié a été confirmé par l'affluence à l'intérieur de la cathédrale. Un millier de personnes y avaient pris place, dont le ministre de l'Intérieur et ancien maire de Lyon Gérard Collomb, ainsi que Laurent Fabius. Dehors, 200 à 300 personnes avaient bravé la pluie pour cet ultime hommage au "pape de la cuisine", comme l'a nommé un autre proche, le chef étoilé Marc Haeberlin. "La fête de votre vie fut belle, riche, généreuse, comme votre cuisine. Sans esbroufe. Les gourmets du monde entier se délecteront encore longtemps de votre soupe de truffes VGE, de votre loue en croûte, ou de votre lièvre à la royale qui, à lui seul, est un monument. Soyez le bienvenu pour ce banquet céleste. Et comme vous le disiez si souvent : bon appétit et large soif. Adieu, monsieur Paul", a-t-il prononcé devant l'assemblée.

"On perd un grand monsieur". Le cercueil dans lequel repose Paul Bocuse a ensuite été exposé quelques minutes sur le parvis de la cathédrale, sur les notes d'une des chansons préférée du chef, et qui le résume bien : "Non, je ne regrette rien", d'Edith Piaf. Ému, un Lyonnais se souvient : "J’ai fait mes classes avec lui. Il avait toujours le petit mot gentil, la petite photo, le petit compliment… Je suis très triste. On perd un grand monsieur de la cuisine, si ce n’est le plus grand. Un monsieur comme ça, qui dégage une telle aura sur tant d’années, on aura du mal à en retrouver un."

L'hommage des toques blanches à la légende de la gastronomie Paul Bocuse :