Des membres du collectif "Maffia no a vita ie" (Non à la mafia, oui à la vie) à Ajaccio on le 25 septembre. 8:02
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Europe1.fr , modifié à
Au micro de Wendy Bouchard, Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité et co-fondateur de l'association Crim'HALT comme Alternative, appelle l'État à agir face aux violences mafieuses dont les citoyens corses sont victimes. 
INTERVIEW

Ils veulent faire entendre leur voix. En Corse, des citoyens réunis en deux collectifs luttent contre la recrudescence des actes mafieux. L’un doit se réunit le 26 octobre et l’autre le 8 décembre. Entre temps, une séance extraordinaire de l’assemblée nationale de Corse est prévue début novembre, à ce sujet. 

Invité sur Europe 1, Fabrice Rizzoli, spécialiste de la grande criminalité, auteur de La mafia de A à Z, et co-fondateur de l'association Crim'HALT comme Alternative, se pose en porte-parole des citoyens corses, qu’il estime "en danger".

"On ne se taira plus pour parler de mafia"

Selon lui, "il faut que l’État prenne ses responsabilités" face à des meurtres toujours plus fréquents sur l’île. "375 homicides ces 20 dernières années en Corse pour 300 000 habitants, c’est absolument intolérable", s’indigne-t-il, en ajoutant que "c’est l’État qui devrait trouver ça intolérable et pas uniquement les citoyens".

Pour éveiller les consciences, ces militants, qui se sentent impuissants, ont choisi la voie pacifiste. "La nouveauté, c’est qu’on ne se taira plus pour parler de mafia", lance Fabrice Rizzoli.

 

Le spécialiste de la grande criminalité milite pour la mise en place d’"un délit d’association mafieuse" (encore inexistant en France) mais aussi pour la "confiscation obligatoire" des biens des gangsters. "La villa du gangster corse aurait dû devenir un centre d’insertion ou une coopérative agricole où les jeunes corses apprennent un métier", illustre-t-il.

Fabrice Rizzoli insiste aussi sur le besoin de protection des citoyens souvent victimes de la mafia locale car plus vulnérables. "Contrairement à ce que l’on pense, les gangsters ne s'entre-tuent pas seulement", affirme-t-il, citant les meurtres récents de "quatre maires, deux avocats, un haut-fonctionnaire, deux enseignants, un retraité paisible et un militant associatif".

Des commerçants ciblés par la mafia

Ces gangsters ne sont pas uniquement présents dans l’immobilier, les casinos et le grand crime organisé, certains investissent aussi dans les petits commerces pour blanchir leur argent. "Si les personnes ne veulent pas, cela se traduit par un coup de crosse ou un incendie de paillote", indique Fabrice Rizzoli.

Affirmant que "les élus ont une responsabilité fondamentale" sur cette question, Fabrice Rizzoli compte sur "la proposition de loi El Haïry qui sera rediscutée au parlement le 28 novembre". "Son article 4 prévoit que les biens confisqués en France puissent être mis à disposition des associations et des fondations d’utilité publique", détaille-t-il.

"Il faut absolument que les élus demandent que cette proposition de loi soit conservée à l’agenda et qu’elle soit votée", précise-t-il. "Cela pourrait vraiment changer la donne en Corse, à Marseille et dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis."