Avait-il un juge acquis à sa cause avant l'arbitrage ? Le procès de Bernard Tapie entre dans le cœur du dossier

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Chloé Triomphe, édité par Romain David , modifié à
L'homme d'affaires, qui comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris, se voit reprocher des liens supposés avec l'un des juges chargé en 2008 de trancher son différend avec le Crédit Lyonnais.

Fini les accès de colère. Mercredi, au troisième jour de son procès pour escroquerie, Bernard Tapie a été longuement entendu à la barre, cette fois sur le cœur du dossier : la façon dont il a bénéficié d’un arbitrage présumé truqué. Loin des coups d'éclat, l'ancien patron de l'OM a fait le récit assuré, et parfois ironique, de ce que l'on pourrait baptiser "chronique d'un arbitrage annoncé".

En finir avec un vieux contentieux. Selon Bernard Tapie, tout le monde avait envie d'une solution dans une affaire qui datait de 1995 et qui, a-t-il expliqué, coûtait "un argent considérable" à chaque camp. Alors, quand l'arbitrage a remporté le consensus et qu'ont été nommés trois juges-arbitres considérés comme la fine fleur de la profession, Bernard Tapie n'y a vu aucun inconvénient.

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"En témoignage de mon infinie reconnaissance." Sauf que, selon l'accusation, l'un des magistrats, Pierre Estoup, aurait été acquis à sa cause. L'accusation brandit comme élément à charge une dédicace que Bernard Tapie a rédigé pour Pierre Etsoup en lui offrant un exemplaire de son livre. "Pour le président Estoupe [sic], en témoignage de mon infinie reconnaissance. Votre soutien a changé le cours de mon destin", peut-on y lire. À la barre, Bernard Tapie éclate de rire : "Je ne l'avais jamais vu, je me suis même trompé sur l'orthographe de son nom".

L'impartialité du juge en question. Celui qui le connaissait, en revanche, c'est Maurice Lantourne, l'avocat historique de Bernard Tapie, qui avait déjà croisé le juge-arbitre dans d'autres affaires. Il devra s'expliquer jeudi sur ces liens anciens qui font douter le tribunal de l'impartialité de Pierres Estoup dans cet arbitrage qui, en 2008, avait attribué plus de 400 millions d'euros à Bernard Tapie.