Auxerre : une pastille rouge pour les élèves qui ne mangent pas de porc

Une cantine scolaire
Une cantine scolaire © AFP
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Selon la mairie d’Auxerre, le dispositif faisant porter à la cantine des colliers pour distinguer les enfants en fonction de leur régime alimentaire est une "maladresse". Mais elle tient à relativiser les faits.

"Il n’y a aucune volonté de discriminer". La municipalité socialiste d’Auxerre a souhaité mettre les choses au clair après avoir été épinglée par une élue de l’opposition lors du conseil municipal jeudi soir. Malika Ounès, élue divers droite, a dénoncé le dispositif mis en place dans l'école primaire des Piedalloues dans la commune, pour distinguer les enfants en fonction de leur régime alimentaire. Comme le révèle Creusot Infos, les élèves ne mangeant pas de porc se sont vus distribuer un collier avec une pastille rouge et ceux ne mangeant pas de viande porte un collier avec une pastille jaune. Forcée de s’expliquer, la municipalité a diligenté une enquête administrative visant l’école primaire des Piedalloues. Résultat : "une initiative malheureuse" qui visait seulement à aider des enfants de maternelle et de CP à se repérer dans leur menu.

Une mère de famille choquée. Lundi soir, alors qu’elle revenait de l’école, une petite fille montre à sa mère le collier avec une pastille rouge qu’on lui a confié pour indiquer au personnel de la cantine qu’elle ne mange pas de porc. Sa mère n’en revient pas. Elle alerte le lendemain les parents d’élèves demandent ensemble des explications à l’école. Le personnel comprend que la démarche choque et décide d’y mettre fin. Le dispositif n’aura duré qu’une journée.

"Cela renvoie à des heures sombres". Sauf qu’entre temps, l’élue divers droite a rendu publique l’affaire en plein conseil municipal. "C’est révoltant. Cela renvoie à des heures sombres", estime Malika Ounès dans la presse locale. Guy Ferez, le maire d’Auxerre a immédiatement lancé une enquête administrative pour  mesurer l’ampleur de la situation.

Regardez l'intervention de Malika Ounès lors du conseil municipal :

Aider des enfants de maternelle. Résultat : sur les onze restaurants scolaires de la ville, soit 1.500 élèves, comprenant 232 enfants qui ne mangent pas de porc et 123 qui ne mangent pas de viande, une seule cantine est concernée. "Ça représente 18 élèves, neuf sans porc, neuf autres sans viande du tout", détaille Christian Sautier, directeur de la communication à la ville, contacté par Europe 1. Et de préciser : "ces enfants sont scolarisés en maternelle et en CP. Ils ne savent pas lire mais ils travaillent sur les codes couleurs en ce moment. Ces pastilles ont simplement été mises en place pour qu’ils se repèrent, pour que le personnel de la cantine ne se trompe pas. Sachant que nous sommes en période de rentrée et qu’il faut un temps d’adaptation pour connaitre le profil de chaque enfant."

Pas de sanction en vue. Si la mairie dédramatise le dispositif, elle reconnaît aussi une "démarche maladroite et malheureuse qui ne correspond en rien aux valeurs d’intégration que défend la municipalité". Elle précise également que ce dispositif a été mis en place par une membre du personnel fraichement arrivée dans l’équipe, qui connaissait peu les enfants et qui est désemparée par l’ampleur qu’on pris les événements. "La municipalité n’a pas encore décidé si une sanction serait prise. Nous sommes davantage dans une démarche de soutien de nos équipes avec un rappel des valeurs de la municipalité.

La municipalité, qui assure être "tombée de sa chaise" en apprenant la nouvelle, voit dans le coup de gueule de l’élue divers droite un coup bas politique en vue des prochaines élections régionales où Malika Ounès se présente face à l’actuel maire Guy Ferez.