Attentats : une thérapie inédite pour les victimes de stress post-traumatique

La prise de parole s'accompagnera d'un traitement médicamenteux.
La prise de parole s'accompagnera d'un traitement médicamenteux. © JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Mélanie Gomez et A.D. , modifié à
Une nouvelle stratégie va tenter d'aider les victimes des attentats souffrant de stress post-traumatique. Les patients seront invités à prendre un médicament.
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Quatre mois après les attentats du 13 novembre, certaines victimes directes ou indirectes souffrent encore de stress post-traumatique. Et les attentats qui ont touché la ville de Bruxelles le 22 mars dernier n'ont fait que raviver de douloureux souvenirs. Pour tenter de venir en aide aux victimes, l'assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) va lancer dans le cours du mois une grande étude sur le stress post-traumatique qui se déroulera dans 15 hôpitaux. Une approche inédite en France.

Prise de bêta-bloquant. L'idée sera de tenter de guérir 400 victimes du 13-Novembre souffrant de stress post-traumatique grâce à un thérapie express : une séance par semaine pendant six semaines. La nouveauté ? La thérapie "classique", qui consiste en une prise de parole, sera associée à un traitement médicamenteux habituellement utilisé pour les problèmes cardiaques ou l'hypertension (un bêta-bloquant, le propranolol).

"Raccourcir la prise en charge". Cette stratégie a déjà été testée avec succès au Canada. La thérapie sous l'effet de ce médicament n'efface pas le souvenir traumatisant mais atténue toutes les émotions négatives et les angoisses qui y sont associées. "La personne va considérer avec plus de distance ce traumatisme vécu et va atténuer les manifestations de son anxiété. Normalement, un traitement classique peut durer un, deux ans, voire plus. L'idée est de raccourcir la prise en charge", indique le professeur Bruno Millet, psychiatre à la Pitié Salpêtrière et coordonnateur de cette étude.

Recrutement. Le recrutement des volontaires va commencer. Les médecins recherchent toutes personnes victimes des attentats sur le plan psychologique. Le seul critère pour participer à cette étude est de toujours souffrir de stress post-traumatiques quatre mois après les attentats, c'est à dire d'être en proie, par exemple, à des réveils nocturnes ou à des peurs incontrôlables dans la vie de tous les jours. Il peut s'agir par exemple de témoins directs, de pompiers, mais aussi pourquoi pas, de personnes ayant uniquement suivis les attentats à la télévision.