Attentat avorté de Villejuif en 2015 : les juges ordonnent un procès aux assises pour Sid Ahmed Ghlam et 9 autres suspects

Sid Ahmed Ghlam / Villejuif
Sid Ahmed Ghlam s'était tiré par accident une balle dans la jambe après avoir tué Aurélie Châtelain. Photo d'illustration. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Après la fin des investigations, les juges d'instruction antiterroristes ont renvoyé devant une cour d'assises Sid Ahmed Ghlam, accusé d'avoir tué une professeure de fitness de 32 en avril 2015 à Villejuif, dans le Val-de-Marne, où il projetait un attentat. Il sera jugé avec neuf autres personnes, dont certaines au Moyen-Orient.

Les juges d'instruction antiterroristes ont renvoyé devant une cour d'assises Sid Ahmed Ghlam, accusé d'avoir tué une jeune femme de 32 ans le 19 avril 2015 à proximité d'une église de Villejuif, une ville du Val-de-Marne où il projetait un attentat, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes. Neuf autres protagonistes, dont deux sont présumés morts en zone irako-syrienne, seront jugés aux côtés de Sid Ahmed Ghlam lors de ce procès, qui devrait avoir lieu d'ici fin 2020, ont précisé ces sources.

Fiché S à l'époque des faits

En juillet, les juges chargés de l'enquête sur cet attentat avorté ont annoncé aux parties qu'ils avaient terminé leurs investigations. Sid Ahmed Ghlam, étudiant algérien alors âgé de 23 ans et fiché S pour sa radicalisation, est soupçonné d'avoir voulu attaquer ce jour-là une église de Villejuif, au sud de Paris, à l'heure de la messe. Mais, selon l'accusation, il a renoncé à son projet et appelé les secours car il s'était tiré par accident une balle dans la jambe après avoir tué Aurélie Châtelain, croisée sur le parking où il préparait son assaut. 

La famille d'Aurélie Châtelain "attend le procès avec impatience. Ce sera une nouvelle page douloureuse mais il faut en passer par là", a déclaré Me Antoine Casubolo-Ferro, avocat de la famille de la jeune femme. "Ils aimeraient savoir pour quelle raison il a tué Aurélie", a-t-il ajouté.

Sid Ahmed Ghlam nie ce meurtre, assurant que la jeune femme a été tuée accidentellement par un mystérieux complice dont il est le seul à évoquer l'existence. Il affirme aussi s'être volontairement ravisé et mutilé pour empêcher l'attentat. "Nous établirons que Sid Ahmed Ghlam n'est pas à l'origine de la mort d'Aurélie Châtelain et qu'il a tout fait pour éviter un massacre dans l'église de Villejuif", ont réagi ses avocats, Me Gilles-Jean et Jean-Hubert Portejoie.

Téléguidé par l'État islamique

Au cours de l'enquête, Sid Ahmed Ghlam a toutefois reconnu avoir été téléguidé par le groupe État islamique (EI) : les policiers avaient rapidement décrypté ses échanges avec deux donneurs d'ordre de l'EI, "Abou Moutana" et "Amirouche", qui lui donnaient pour instruction de trouver "une bonne église avec du monde".

Les enquêteurs pensent que derrière ces noms se cachent deux vétérans du djihad, visés depuis deux ans par des mandats d'arrêt : Abdelnasser Benyoucef, entraîné par Al-Qaïda en Afghanistan et lié au Groupe islamiste des combattants marocains (GICM), et Samir Nouad, considéré comme l'un des donneurs d'ordre d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 novembre 2015.

Les magistrats instructeurs ont décidé de renvoyer ces deux hommes, même s'ils sont présumés morts en zone irako-syrienne, pour "complicité d'assassinat et de tentative d'assassinat" par instructions et "association de malfaiteurs criminelle". Deux autres personnes comparaîtront bien pour leur part dans le box des accusés pour "complicité d'assassinat et de tentative d'assassinat", cette fois-ci pour avoir fourni l'arme du crime.