Marie Portolano est la réalisatrice du documentaire "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste" 1:24
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Damien Mestre, édité par Manon Bernard , modifié à
Depuis la diffusion du documentaire "je ne suis pas une salope, je suis une journaliste", réalisé par Marie Portolano, les femmes journalistes élèvent la voix. Elles racontent les nombreux harcèlemenst, discriminations et parfois agressions sexuelles qu'elles ont subi en tant que femmes journalistes dans le milieu du sport.

Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste. C'est le titre d'un documentaire réalisé par la journaliste Marie Portolano qui relate les faits d'agressions et d'harcèlement sexuels dans le milieu du journalisme sportif. Entre agressions, discriminations et invisibilisation en conférence de rédaction, les femmes journalistes dans le sport racontent désormais leurs parcours difficile. Un documentaire poignant qui met notamment en cause le célèbre chroniqueur du Canal Football Club, Pierre Ménès. 

"Jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende"

Dans une séquence, coupée au montage de son documentaire par censure de Canal + selon le journal Les Jours, Marie Portolano dénonce l'agression sexuelle dont elle a été victime sur le plateau du Canal Football Club hors antenne. Le 26 août 2018, le chroniqueur Pierre Ménès "soulève sa jupe et lui attrape les fesses", selon Les Jours. Une deuxième journaliste a subi une agression perpétrée par le chroniqueur : Isabelle Moreau. En 2011, on voit sur des images filmées Pierre Ménès embrasser par surprise la journaliste sur le plateau de Canal +.

Ces deux gestes sont "des agressions sexuelles passibles d'une peine qui peut aller jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende", rappelle la numéro 2 du ministère de l'Intérieur Marlène Schiappa. L'ancienne ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes juge "que c'est aussi la responsabilité des animateurs qui gèrent ces émissions qu'on voit parfois ne pas réagir de maîtriser leur antenne. Mais je crois que c'est aussi la responsabilité de l'employeur, des patrons de chaîne de prendre leurs responsabilités". Avant d'ajouter : "Toute femme journaliste doit pouvoir bénéficier d'un lieu de travail sur lequel elle n'est pas exposée ou risque d'être agressée sexuellement alors qu'elle est en train de faire son travail".

Les hommes occupent 90% des postes de journalistes sportifs

En plus des habituelles remarques sur l'apparence physique ou la tenue vestimentaire, ce qui revient le plus dans les témoignages, c'est l'idée qu'une femme est incompétente pour parler de sport. Vanessa Lambert se souvient d'un des tout premiers matchs de foot de sa carrière. "Trop naïve, j'y vais confiante et contente. Et un mec que je connais absolument pas, que je n'ai jamais vu de ma vie qui me dit 'mais toi de toute façon, t'es pas là pour le foot'. Je ne comprends pas la question, puisque nous sommes à un match de foot. Et il me répond que si je suis là c'est pour les mecs, les footballeurs",  raconte cette ancienne journaliste sportive.

Des préjugés qui finissent par créer un plafond de verre dans la profession et qui sont diffusés parfois par des femmes elles-mêmes. Alors jeune journaliste dans une radio locale, Lucie raconte un entretien avec sa cheffe. Elle a candidaté à un poste qui implique de commenter des matchs de rugby. Et voici la réaction de sa supérieure : "elle m'a ri au nez. Elle m'a dit tout simplement 'Tu es une fille et tu n'as pas baigné dans le sport depuis toute petite'. J'ai pris mes affaires, je suis sortie et je suis allée pleurer dans les bras d'un ami." Finalement, c'est donc un homme qui sera choisi. Dans cette profession, ils occupent près de 90% des postes, selon le collectif Femmes journalistes de sport.