Victime de violences conjugales, Charlotte a lancé un comité de soutien pour libérer la parole

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Victime de violences conjugales pendant de nombreuses années, Charlotte 26 ans, a fini par quitter son ex-mari. Elle s'investit désormais pour les autres via un comité de soutien aux femmes battues. La jeune femme a raconté son long chemin de croix au micro d'Olivier Delacroix dans "La libre antenne" d'Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Après avoir subi pendant de nombreuses années des violences conjugales de la part de son ex-mari, Charlotte, 26 ans, a créé un comité de soutien pour que la parole se libère à Pont-Audemer dans l'Eure. La jeune femme s'est confiée au micro d'Olivier Delacroix dans La libre antenne et a raconté son long chemin de croix qui l'a menée des violences conjugales au divorce, puis à l'engagement pour les autres femmes, victimes comme elle de violences, via un comité de soutien qui organisera sa première réunion le 19 novembre.

"J'ai connu des violences conjugales pendant plusieurs années. Ça a été très compliqué pour moi de trouver du soutien et de l'aide. Ça a commencé tôt, j'avais ma fille avec moi, j'ai rencontré un jeune homme lors d'une soirée. Tout commençait bien. Et puis au bout de deux ou trois mois : une première dispute qui part en gifle. Il claque la porte et revient avec un bouquet de fleurs. Il s'excuse en disant que ça ne recommencera jamais. Et ça recommence. Ça ne s'arrête pas. On prend une habitude, malheureusement.

Je n'arrivais pas à détecter quand ça allait se produire. Cela pouvait être à cause d'un café qui n'était pas chaud le matin. C'était imprévisible. C'est lié à la jeunesse difficile qu'il a pu avoir. Il a perdu son frère. Il a connu des conflits familiaux. Sa maman aurait dû lui faire voir un psychologue quand il était petit. Il était en détresse et malheureusement il a dû avoir un problème psychologique qui l'a marqué.

Cela ne fait pas longtemps que je suis divorcée. C'est moi qui ai voulu me marier. J'arrive toujours pas à savoir pourquoi. Peut-être à cause de la peur de l'échec. J'avais ma famille, mon chez-moi, mon travail, j'avais peur de repartir de zéro. Mais finalement, à force de prendre des coups... 

"Une claque ne devrait jamais être donnée"

C'est compliqué de trouver des choses qui nous aident. Il n'y avait pas de comité de soutien à Pont-Audemer. C'était compliqué pour trouver une solution pour partir. On a peur, on ne sait pas où aller. On ne sait pas comment faire. Je me suis toujours dit que j'aurais dû partir dès le début. Une claque ne devrait jamais être donnée. Finalement, c'était de pire en pire. On se sent toujours coupable. On se sent moche, nul, on se dit qu'on mérite ça. Il faut arriver à sortir de là.

Cela faisait plusieurs fois que j'appelais la gendarmerie et que je raccrochais. Et un jour, mon fils m'a dit 'on s'en va'. Du coup, on est partis. J'ai appelé la gendarmerie, mais je n'ai pas raccroché. Ils sont venus nous chercher. Je n'ai pas voulu porter plainte. Mais comme cela faisait plusieurs fois, le juge d'Évreux a décidé d'un éloignement forcé de six mois et c'est grâce à ces six mois que je me suis rendu compte que ce n'était plus possible, que ce n'était pas normal.

On a le même âge. J'ai trois enfants avec lui. À la base, le tribunal ne voulait pas qu'il voit ses enfants, je me suis opposé à ce jugement parce qu'il n'a jamais fait de mal à ses enfants. C'est compliqué pour certaines personnes de comprendre, mais j'ai fait la part des choses. Il voit ses enfants un dimanche sur deux, donc je le vois régulièrement. Il voit un psy, il est suivi. Ça a l'air d'aller. On ne se parle pas.

"Le comité, c'est comme une séance de psy"

Cela fait trois ans que je suis sortie de là. Grâce à plusieurs concours de Miss, j'ai pu faire entendre ma voix et je lance mon comité à partir du 19 novembre. Le comité, c'est comme une grande séance de psy où on s'aide tous les uns les autres, à sortir du silence, à ne jamais rester seuls. Surtout pas, sinon je pense que je ne serais pas là aujourd'hui. Si je n'avais pas rencontré quelqu'un, je pense que malheureusement, comme toutes les femmes, j'aurais eu du mal à partir.

Il y a beaucoup de femmes qui viennent me contacter en privé. Je pense qu'il va y avoir du monde. Le 19 novembre, je raconterai mon histoire. Parfois quand on écoute une femme qui se confie on se dit 'tiens, on est pareil' et ça aide beaucoup les autres à pouvoir s'en sortir. Si je peux les aider, je le ferais un maximum.

Le comité se déroulera tous les troisièmes vendredi du mois. On peut me joindre au 07 89 98 74 39. Ce que je veux établir, c'est de la confiance, un soutien moral. Je serai là pour que les victimes ne soient pas toutes seules."