Anne-Marie, 72 ans, a mal vécu ses années en internat : "Je pleurais tous les soirs"

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Anne-Marie est la seule fille d'une fratrie de cinq enfants. C'est aussi la seule à être allée en internat. "C'était l'horreur", confie-t-elle à Olivier Delacroix sur Europe 1.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Anne-Marie, a 72 ans aujourd'hui. Elle en avait 11 lorsque sa mère a décidé de la placer en internat. Elle l'a très mal vécu. Cela "a eu des répercussions tout le restant de (sa) vie", a-t-elle expliqué à Olivier Delacroix sur Europe 1. 

"J'avais quatre frères. [J'étais la seule en pension] parce que j'étais la seule fille et que je me chicanais toujours avec mes frères. Mon père était à Madagascar dix mois par an. Ma mère lui avait dit : 'Elle est infernale, je vais la mettre en pension.' Mon père a dit oui et c'est comme ça que j'ai terminé à la pension, qui était à un quart d'heure de la maison.

C'était l'horreur, tout simplement. [J'en garde] de très mauvais souvenirs. C'était dans le privé, chez les religieuses. Dans la pension où j'étais, j'avais un frère qui allait à l'école et que je voyais tous les jours. Ma maman l'accompagnait le matin, elle venait le rechercher à midi, elle le ramenait à 13h30, elle le reprenait le soir et moi je restais à la pension. Le mercredi, quand je sortais avec les religieuses en promenade, je passais en bas de chez moi. Je voyais mes frères qui s'amusaient, moi je rentrais à la pension et je pleurais tous les soirs.

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"Ça a eu des répercussions vraiment toute ma vie"

[Dans les dortoirs], c'était des rangs de lits avec une petite table de nuit en fer. Au bout de chaque rang, il y avait un lavabo le long du mur. Tous les matins on se levait à 6h pour aller à la messe, il fallait se confesser une fois par semaine, au réfectoire, il ne fallait pas parler. [La pension], c'est quelque chose qui a eu des répercussions tout le restant de ma vie.

Par exemple, si j'amène mon petit-fils à la crèche et qu'il pleure, je n'ai qu'une envie, c'est de le prendre dans mes bras, de le serrer et de repartir avec lui en voiture. C'est horrible. Je n'ai jamais mis mes enfants en colonie, je n'ai jamais mis mes enfants en pension. S'ils voulaient y aller, je disais d'accord mais s'ils ne voulaient pas, ce n'était pas grave. Mais c'est vrai, ça a eu des répercussions vraiment toute ma vie. J'ai horreur des séparations, j'ai horreur des départs.

Je suis contre la pension et je pense quand même que les parents devraient savoir si leurs enfants sont bons candidats ou pas à l'internat parce que tous les enfants ne sont pas bons candidats."