L'un des accusés de l'affaire "Air Cocaïne", Fabrice Alcaud, un pilote, était inscrit comme "source" dans les fichiers de la police mais l'information n'avait pas été communiquée à la juge d'instruction, a indiqué jeudi un policier entendu par la cour d'assises spéciale des Bouches-du-Rhône.
Une rencontre entre les deux hommes le 25 février 2013. "Début 2013, j'ai été contacté par un collègue qui m'a mis en contact avec une personne qui avait des informations sur un trafic de stupéfiants", a raconté Jocelyn Berret, un policier qui était alors à l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis), saisi initialement de l'enquête.
"J'ai pris contact avec Fabrice Alcaud qui m'a dit qu'il y avait des pilotes qui faisaient un trafic un peu bizarre". Fabrice Alcaud est codirigeant de la société SNTHS qui avait affrété le Falcon 50 intercepté en mars 2013 en République dominicaine avec près de 700 kilos de cocaïne à bord.
"Je lui ai dit de ne pas hésiter à dire la vérité". Un rendez-vous entre les deux hommes a eu lieu le 25 février à Paris. "Je ne suis pas lié au trafic", lui avait alors dit Fabrice Alcaud. Parce que "l'information" sur un trafic qu'il lui donne, avant l'interception de l'avion, lui paraissait bonne, Jocelyn Berret songe alors à l'inscrire au registre des sources de la police. "Il a été inscrit a posteriori (...). Je ne pense pas qu'il en ait été lui-même avisé", précise le policier.
Après la mise en examen et le placement en détention de Fabrice Alcaud, Jocelyn Berret lui a rendu visite en prison. "Je lui ai dit de ne pas hésiter à dire la vérité", a-t-il expliqué à la barre, admettant que cette démarche qui n'apparaît dans aucun rapport dans la procédure, n'est "pas habituelle".
La juge d'instruction mise au courant en juin 2014. "J'ai fait un compte-rendu oral à ma hiérarchie", a affirmé Jocelyn Berret qui avait invité celle-ci à en informer la juge d'instruction. Mais Christine Saunier-Ruellan, la magistrate, n'a finalement été mise au courant que bien plus tard, en juin 2014. Elle avait alors dessaisi aussitôt l'Ocrtis de l'affaire au bénéfice des gendarmes.
Quel rôle a joué l'Ocrtis au début de l'enquête et après en avoir été dessaisi ? Les gendarmes ont des doutes. Devant la cour, mardi, le chef enquêteur de la gendarmerie, François Ségura, a réitéré ses critiques contre l'Office qui n'aurait pas "transmis tous les éléments qu'il aurait dû".
Neuf accusés comparaissent jusqu'au 5 avril devant la cour d'assises spéciale à Aix-en-Provence, dans l'affaire "Air Cocaïne", pour leur implication présumée dans un trafic international de stupéfiants en bande organisée.