Ahmed, migrant à Calais, tabassé par des hommes en noir

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Lionel Gougelot avec M.Du , modifié à
Alors qu'une manifestation anti-migrants est prévue à Calais samedi après-midi malgré l'interdiction de la préfecture, les tensions s'accumulent à l'image du témoignage de ce jeune syrien tabassé par six hommes en noir. 
TÉMOIGNAGE

Il s'appelle Ahmed, il a 27 ans et il est syrien. Comme beaucoup d'autres migrants, il habite la "jungle" de Calais. Mais depuis plusieurs semaines, les tensions deviennent de plus en plus fortes entre migrants, forces de l'ordre, habitants et identitaires d'extrême-droite. Une manifestation à l'initiative notamment du mouvement islamophobe Pegida et pourtant interdite par la préfecture doit se tenir samedi après-midi à Calais. Ahmed, lui, ne quittera pas la "jungle". Il y a une dizaine de jours, le jeune syrien a été tabassé avec deux de ses compagnons. 

"Je me suis dit : 'ils vont me tuer'". Ahmed est encore traumatisé par ce qu'il a vécu. Les faits se sont déroulés dans le quartier de la gare alors qu'il errait avec ses deux compagnons d'infortune. Il raconte : "Ils se sont approchés, ils m'ont agrippé et tordu le bras. J'étais coincé avec une barre de fer dans le dos. Ils serraient si fort".

Ahmed pense : "je me suis dit : 'ils vont me tuer'". L'un des agresseurs lui demande alors son téléphone et son argent. Il refuse et poursuit son récit : "il s'est mis à frapper la tête de mon frère à coups de barre de fer. Il saignait beaucoup, il faisait noir". Aucun témoin à l'horizon, la peur gagne Ahmed : "on était terrorisé". 

"On hurlait à cause de la douleur". Le jeune syrien est alors jeté au sol, les agresseurs le dépouillent de son téléphone et du peu d'argent qu'il possède. Les violences reprennent : "là je me suis dit : 'cette fois, c'est la fin. Ils vont vraiment nous tuer". Ahmed se souvient que "ça a duré 10-15 minutes". "On hurlait à cause de la douleur", relate-t-il, "et eux ils faisaient : 'chut'". 

Les tortionnaires d'Ahmed finissent finalement par les laisser partir. Les trois jeunes victimes se rendent à l'hôpital. Ahmed s'est résolu à porter plainte et espère, sans trop y croire, que l'enquête aboutira.