Agression d'une femme transgenre à Paris : 10 mois de prison, dont 4 avec sursis

Julia, une femme transgenre, avait été prise pour cible par un groupe d'hommes sur la place de la République.
Julia, une femme transgenre, avait été prise pour cible par un groupe d'hommes sur la place de la République. © MARTIN BUREAU / AFP
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avec AFP , modifié à
Julia, une femme transgenre, avait été agressée sur la place de la République à Paris, fin mars, lors d'une manifestation contre l'ex-président algérien Abdelaziz Bouteflika. 

Coups, insultes et humiliations : le jeune homme qui avait agressé Julia, une femme transgenre, fin mars, Place de la République à Paris, a été condamné mercredi à dix mois de prison, dont quatre avec sursis.

Seddik A., 23 ans, jugé en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Paris, a été condamné pour "violences volontaires sans incapacité totale de travail (ITT) commises à raison de l'identité de genre". Son sursis a été assorti d'une mise à l'épreuve. Il a également interdiction d'entrer en contact avec la victime et de paraître aux abords de son domicile.

"Ce procès est un symbole"

"La justice a fait son travail", a déclaré Julia à l'issue de l'audience. "Je ne suis pas sûre que la prison soit la meilleure solution mais j'espère qu'il réfléchira et qu'il ne recommencera pas". "Ce procès est un symbole, car la justice française aujourd'hui a pris en compte le caractère discriminatoire des actes transphobes", a ajouté son avocat Me Étienne Deshoulières.

Le 31 mars, lors d'une manifestation dans la capitale contre l'ex-président algérien Albdelaziz Bouteflika, Julia, 31 ans, avait été prise à partie à proximité d'une bouche de métro. "Sale pédé", jets de bière, chants humiliants, cette vendeuse dans une boutique de luxe qui a commencé sa "transition" il y a huit mois avait été alors prise pour cible par un groupe d'hommes. Sur une vidéo-surveillance projetée mercredi lors de l'audience, on voit Seddik A. lui toucher les cheveux et lui asséner plusieurs coups violents au visage. Julia avait fini par s'échapper par la bouche de métro grâce à l'aide de plusieurs agents de la RATP.

Pour l'avocat du prévenu, le caractère transphobe de l'agression "n'a pas été prouvé" 

S'il n'a pas nié les violences, Seddik A. a en revanche affirmé ne pas avoir proféré d'insultes visant les personnes transgenres, déclarant à l'audience ne pas être "homophobe". "C'est une peine sévère, qui répond à l'engouement médiatique autour de ce dossier", a estimé son avocate Me Mariame Touré. "Le caractère transphobe n'a pas été prouvé", a abondé son second avocat Rachid Madid. "Contrairement à ce que certains ont dit, ce n'était pas le procès de la transphobie : c'était le procès d'un homme qui a commis des violences sans ITT, comme on en voit quotidiennement dans ce tribunal", a-t-il ajouté.

Le prévenu a aussi été condamné à verser 3.500 euros d'amende à Julia ainsi que 1.500 euros à trois associations de défense des droits des personnes LGBT, qui s'étaient portées parties civiles.