Affaire Théo : une manifestation pour faire des propositions "sur les solutions à apporter à cette situation"

Dominique Sopo juge indispensable le retour d'une police de proximité mieux formée notamment aux préjugés concernant les immigrés et les populations issues de quartiers sensibles
Dominique Sopo juge indispensable le retour d'une police de proximité mieux formée notamment aux préjugés concernant les immigrés et les populations issues de quartiers sensibles © Europe 1
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La manifestation de samedi après-midi est un appel au calme pour discuter avant tout de "solutions à apporter" au problème des violences policières, affirme Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
INTERVIEW

Quinze jours après l'interpellation de Théo, sorti vendredi de l'hôpital, une nouvelle manifestation contre les violences policières sera organisée samedi place de la République à Paris. Cette manifestation sera statique, à l'initiative de la Ligue des Droits de l'Homme, du MRAP (Mouvement contre le Raciste et l'Amitié entre les Peuples), de l'UNEF, du CRAN (Conseil représentatif des Associations noires) ou encore de SOS Racisme, dont le président Dominique Sopo, est l'invité d'Europe1 samedi matin.

Des débordements sont à craindre. Après les débordements des précédentes manifestations, notamment à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et dans le quartier de Barbès à Paris, les casseurs pourraient encore faire des dégâts. "Je pense qu'il est important de manifester, de se rassembler", affirme Dominique Sopo. "Non pas pour casser mais pour prendre la parole et faire en sorte qu'il y ait une expression qui puisse exister autour de ce qu'il s'est passé à l'encontre de Théo et de façon plus générale, pour qu'il y ait un espace de prise de parole sur les solutions qu'il faut apporter à cette situation."

De la violence en réponse à la violence ? "Il ne faut pas oublier qu'au départ, il y a des violences très graves infligées à un jeune qui renvoie malheureusement à une expérience trop fréquente des jeunes de quartiers populaires et qui contribue aussi à légitimer des passages à l'acte totalement illégitimes de notre point de vue." Dans l'affaire Théo, quatre policiers sont visés, l'un d'eux est poursuivi pour viol.

Les manifestants ne sont pas des casseurs. "Il me semble que nous appelons au calme", précise le président de SOS Racisme. "Quand on se rassemble pour qu'il y ait de la prise de parole, ça n'est pas un appel à l'émeute. Ceux qui viendraient pour casser prendraient une très grande responsabilité puisque c'est faire le jeu de Marine Le Pen. Ce serait une insulte par rapport à Théo et à sa famille qui ont constamment appelé au calme." "À Bobigny, les gens n'étaient pas venus pour casser, il y a eu quelques individus douteux qui en ont profité pour casser, mais l'immense majorité des personnes était venue pour s'indigner à juste titre."

Une enquête de fond sur le commissariat concerné. Cette semaine, Dominique Sopo a adressé une lettre au préfet de police pour lui demander une enquête générale sur le fonctionnement du commissariat et de la brigade remise en question. Le syndicat Synergie-Officier a considéré, dans un tract, que cette lettre était un "torchon" et "un ramassis des pires ignominies" à l'encontre des policiers. Des accusations que Dominique Sopo récuse.

Il rappelle que le maire d'Aulnay-sous-Bois, lui-même policier et ancien secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers, "a eu des mots très durs envers la police concernant l'affaire Théo". "Il serait peut-être bon que les syndicats de police qui font du corporatisme arrêtent avec leur 'petit délire' et fassent en sorte que lorsqu'il y a des brebis galeuses, elles soient dénoncées comme les autres." 

"Nous sommes pour le retour de la police de proximité". Bruno Le Roux, ministre de l'Intérieur, a condamné fermement ces violences policières et annoncé le recours à 2.600 "caméras piétons" portées sur le torse des policiers. "C'est un pas parmi d'autres", constate Dominique Sopo. "On peut regretter que cela arrive aussi tard puisque" les violences policières "sont un problème connu".

"Nous sommes pour le retour de la police de proximité, que ce soient les personnes les plus expérimentées qui soient envoyées dans les zones les plus difficiles, qu'il y ait une formation sérieuse notamment sur les préjugés concernant les populations d'origine immigrée ou issues des quartiers populaires, que les corps d'inspection soient mixtes pour éviter des phénomènes de corporatisme", conclut le président de SOS Racisme.