Affaire Benalla : ces questions auxquelles devront répondre les enquêteurs

Parallèlement à l'enquête judiciaire confiée à la PJ, la police des polices a été saisie par le ministre de l'Intérieur.
Parallèlement à l'enquête judiciaire confiée à la PJ, la police des polices a été saisie par le ministre de l'Intérieur. © Capture d'écran YouTube
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Pierre de Cossette, édité par Romain David , modifié à
Plusieurs enquêtes ont été ouvertes par la justice et les services de l'Etat alors qu'un proche d'Emmanuel Macron est accusé de s'être fait passer pour un policier et d'avoir violemment frappé un homme pendant une manifestation.

Une enquête judiciaire ouverte par le parquet, une enquête administrative lancée par le ministère de l'Intérieur, des demandes d'enquête parlementaire qui émanent de tous bords, et une audition à venir de Gérard Collomb au Sénat. Bref, tout le monde veut comprendre ce qu'il convient d'appeler désormais "l'affaire Benalla". Depuis jeudi, l'Élysée est plongé dans la tourmente alors qu'Alexandre Benalla, adjoint au chef de cabinet du président de la République, a été identifié sur une vidéo datant du 1er mai, et le montrant en plein Paris en train de frapper un manifestant, affublé d'un casque de police aux côtés des CRS. Des images qui ne cessent d'intriguer autant qu'elles ont choqué.

Pourquoi les CRS n'ont-il pas cherché à le stopper ?

Ce colosse, chargé de la sécurité du candidat Macron pendant la campagne présidentielle, devait être là en observateur de manière à assister à une opération de maintien de l'ordre au plus près. Mais pourquoi et comment Alexandre Benalla a-t-il dérapé, place de la Contrescarpe ? Un commissaire de police était chargé de le "chaperonner" sur le terrain, confie un membre de son entourage, comme le prévoie la procédure lorsqu'un civil, tel qu'un journaliste par exemple, demande à assister à une opération de police. Or, ce commissaire se serait éloigné quelques instants pour aller chercher du renfort, laissant le chef de cabinet adjoint d'Emmanuel Macron seul avec les CRS qui ignoraient tout de sa qualité, et pensaient sans doute avoir affaire à un collègue, raison pour laquelle ils l'auraient laissé faire.

Pourquoi avait-il sur lui du matériel réservé à la police ? 

Parallèlement à l'enquête judiciaire confiée à la PJ, la police des polices a été saisie par Gérard Collomb et va tenter de faire la lumière sur l'encadrement de cette immersion d'Alexandre Benalla avec les forces de l'ordre, muni d'un brassard de police et d'un talkie-walkie, ce qui ne laisse pas d'intriguer les spécialistes.

 

L'Élysée a-t-il tenté d’étouffer une affaire relevant du pénal ? 

Surtout, pourquoi personne n'a réagi face à ce déchaînement de violences, ni prévenu le procureur de Paris de ce qui relevait de toute évidence du pénal ? L'Élysée a pourtant vu cette vidéo et sanctionné d'une mise à pied de 15 jours Alexandre Benalla qui, toujours selon son entourage, a lui-même rendu compte de cet incident. Mais la présidence de la République n'a pas signalé les faits à la justice alors que la loi le prévoit, de même qu'elle n'a pas anticipé l'ampleur que pourrait prendre cette affaire si elle venait à être révélée. Jeudi, cette bombe à retardement a fini par exploser, et la déflagration n'a sans doute pas fini de faire des dégâts.