Accusé d'avoir infecté sa compagne, un séropositif invoque son amour pour elle

L'homme est jugé pour avoir transmis le virus du sida à sa femme.
L'homme est jugé pour avoir transmis le virus du sida à sa femme. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP , modifié à
Jugé pour avoir transmis le virus du sida à sa femme, un séropositif s'est justifié au premier jour de son procès en expliquant avoir eu "peur de lui dire".

Accusé d'avoir sciemment contaminé sa compagne et mère de deux de ses enfants, un séropositif de 54 ans s'est justifié mardi par la "peur" d'être quitté, au premier jour de son procès où est apparue une personnalité rompue aux non-dits. "On s'aimait fort. Je ne lui ai jamais fait de mal, mais je savais qu'il y avait quelque chose dans mon cœur que je devais lui dire", a admis l'accusé, vêtu avec soin. "J'avais peur de lui dire, je priais Dieu qu'il me donne le courage de lui dire", a poursuivi ce Congolais, "chrétien pratiquant" et chanteur dans un chorale Gospel. 

Contaminé par sa première épouse. Il est jugé jusqu'à mercredi devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour avoir "volontairement administré des substances nuisibles ayant entraîné une infirmité permanente", en l'occurrence en ayant transmis par voie sexuelle le virus du sida à sa compagne, âgée de 37 ans et dont il a partagé la vie entre 2005 et 2010, à Saint-Ouen. Avant-dernier d'une fratrie de neuf enfants, il a été contaminé par sa précédente épouse, rencontrée en France à son arrivée sur le territoire, en 1991, et avec laquelle il s'est marié civilement en 1994. Le couple divorce au début des années 2000, sans que l'accusé fasse le lien avec sa contamination, qu'il découvre en 1996. "Je lui ai pardonné", dit-il. Auparavant, il avait demandé pardon à la victime. 

Une cinquième enfant caché. C'est en 2003 qu'il rencontre celle qui est alors une belle jeune femme de 19 ans. Sur recommandation du pasteur, ils se marient religieusement en 2005, puis donnent naissance à deux garçons. En 2009, son épouse apprend qu'elle est séropositive. Son premier réflexe est de s'inquiéter pour l'accusé et leurs enfants. Jusqu'à ce qu'elle découvre, en fouillant dans ces papiers, que c'est lui qui l'a infectée. Et qu'il lui a soigneusement caché sa maladie, prenant ses médicaments en cachette.

Au fil de l'interrogatoire se dévoile un homme rompu aux non-dits et aux omissions significatives. Ainsi, pressé par l'avocate de la victime, Me Soria Latrèche, il admet être père non pas de quatre, mais de cinq enfants : l'un d'eux, il l'a eu avec une troisième femme, rencontrée à la même période que la victime. Elle et son fils sont indemnes. Le verdict est attendu mercredi.