A Saint-Martin, les habitants rejettent massivement le plan de prévention des risques naturels du gouvernement. 1:34
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Romane Hocquet, édité par Séverine Mermilliod
Depuis une semaine, barrages, jets de pierre et incendies de véhicules se multiplient sur l'île de Saint-Martin. La raison : la révision du plan de prévention des risques naturels, qui étend les zones à risques et non-constructibles de l'île qu'avait détruit le passage de l'ouragan Irma en 2017. 
REPORTAGE

L'île de Saint-Martin est paralysée depuis une semaine : barrages, véhicules incendiés, pneus et poubelles brûlés, jets de pierres et de cocktails Molotov contre les forces de l’ordre... Une colère dirigée contre le plan de prévention des risques naturels (PPRN) qui redéfinit les zones à risque de l'île, dévastée il y a deux ans par l'ouragan Irma. Mais mercredi, Annick Girardin a finalement fait machine arrière et décidé de suspendre ce plan pour le corriger et calmer le mécontentement des habitants.

Des nouvelles règles massivement rejetées par les habitants 

"L'application du PPRN aujourd'hui, c'est la mort de notre économie ! Et si c'est la mort de notre économie, c'est la mort de l'île", assure Patrice Seguin, président des hôteliers de Saint-Martin. Car ce que vend l'île des Caraïbes, c'est le rêve : des chambres en bord de mer, les pieds dans l'eau... Et c'est justement ce que veut limiter le plan du gouvernement qui prévoit de nouvelles zones non constructibles. 

"Plus ou moins 50% des chambres sont en rez-de-chaussée, les touristes viennent pour ça... Donc il y a un problème de timing puisque nous sommes à l'aube de notre haute-saison", ajoute l'hôtelier. 

Le plan suspendu dans l'attente d'une "transition"

L'Etat prévoyait aussi d'élargir les zones interdites à la reconstruction, des bâtiments et des ruines où vivent toujours des familles en grande précarité. Face à la fronde, ce plan a été suspendu mercredi 18 décembre. "Ce changement de règles est difficile sur une île habituée au laxisme et à l'individualisme", estiment les autorités locales.

La ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, reconnait aussi à demi-mots un manque de concertation. "La manière dont, effectivement, se sont peut-être déroulées des réunions publiques... On doit apporter des réponses en les modifiant", concède-t-elle. "Comment faire les choses dans la transition et non pas le faire brusquement, car personne n'y a intérêt."  La ministre se laisse trois mois pour trouver un consensus et engager la reconstruction exemplaire promise par Emmanuel Macron.