Brexit 5:48
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Nina Droff avec Manon Fossat , modifié à
Si aucun progrès n'est fait d'ici début novembre, Paris a décidé de "l'interdiction de débarquement de produits de la mer" britanniques en France et la mise en place de "contrôles douaniers et sanitaires systématiques sur les produits  débarqués". Sur Europe Midi jeudi, la ministre de la Mer, Annick Girardin a dénoncé la "mauvaise volonté" du Royaume-Uni "de travailler sur les dossiers français".

Interdiction de débarquement", contrôles douaniers accrus : la décision est tombée. La France a annoncé l'entrée en vigueur mardi prochain de premières mesures de rétorsion contre les îles anglo-normandes et Londres, qui les a jugées "décevantes" et "disproportionnées" par rapport au conflit qui les oppose sur le nombre de licences accordées aux pêcheurs français après le Brexit. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a aussi évoqué une riposte graduelle, avec une possible "deuxième série de mesures", "notamment des mesures énergétiques qui ont trait à la fourniture d'électricité pour les îles anglo-normandes". 

"Le Royaume-Uni n'assume pas sa signature"

Des sanctions ont été mises à exécution dès la nuit de mercredi à jeudi avec la verbalisation de deux navires britanniques dans la Manche. Le premier bateau a été verbalisé pour entrave aux contrôles et le deuxième parce qu'il ne figurait pas sur la liste des navires licenciés. Et dans les ports du nord de la France, ce soutien du gouvernement est accueilli positivement. "Quelque part c'est une satisfaction puisque certains attendent depuis neuf mois de pouvoir aller pêcher", explique Jean-Luc Hall, directeur du Comité national de pêche. "Les comptes sont dans le rouge et les entreprises proches du dépôt de bilan donc ça ne pouvait plus durer. Il fallait adopter une position de fermeté."

Invitée d'Europe Midi jeudi, Annick Girardin, ministre de la Mer a expliqué la décision de l'exécutif et a dénoncé la "mauvaise volonté" du Royaume-Uni. "Au soir de l'acceptation de cet accord concernant la pêche, le président de la République a rappelé que nous serions aux côtés des pêcheurs pour défendre leurs intérêts et les accompagner avec un plan de 100 millions d'euros. Depuis neuf mois, Clément Beaune et moi travaillons avec les professionnels et les élus de tous les territoires pour obtenir les licences. Ca concerne les Hauts-de-France, la Normandie et la Bretagne. Nous attendons encore et le compte n'y est pas. Il y a une date limite et il y a urgence", a-t-elle affirmé.

"Le chiffre avancé par le Royaume-Uni est faux"

Alors que Jean Castex a laissé la porte ouverte à de nouvelles discussions si la Grande-Bretagne respecte ses engagements, Annick Girardin a estimé de son côté que le Royaume-Uni "n'assume pas sa signature". "Nous sommes aujourd'hui 11 pays pêcheurs à pouvoir le dire à la Commission européenne", a-t-elle encore assuré.

Du côté du Royaume-Uni, on avance le chiffre de 98% de licences accordées aux pêcheurs européens. Ce que dément la ministre. "Ce chiffre est faux. Ce n'est pas 98% mais 90,3%, soit 1.913 licences données sur 2.127 demandes. Et bizarrement, celles qui manquent sont celles des Français. Donc il y a une mauvaise volonté à travailler sur les dossiers français", a poursuivi la ministre, expliquant que le pays a pourtant des droits historiques sur ces eaux. "Régulièrement, le Royaume-Uni demande des critères supplémentaires, mais aujourd'hui nous disons stop et nous réclamons le droit."

Un communiqué du ministère français de la Mer et du secrétariat aux Affaires européennes a justement précisé les mesures qui pourront être prises dès mardi 2 novembre : "interdiction de débarquement des navires de pêche britanniques dans les ports désignés", c'est-à-dire les six ports français où la débarque s'effectue actuellement, ainsi qu'un "renforcement des contrôles" sanitaires, douaniers et de sécurité des navires britanniques. Enfin, une mesure va encore plus loin, annonçant un zèle particulier dans les "contrôles des camions à destination et en provenance du Royaume-Uni", quelle que soit leur cargaison.