À La Salvetat, un groupe de musique facho gangrène le village

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Benjamin Peter, édité par A.H. , modifié à
La Salvetat-sur-Agout, dans l'Hérault, est plutôt connue pour son usine d'eau pétillante. Mais depuis deux ans, un groupe de musique, ouvertement islamophobe et antisémite, prospère.
REPORTAGE

La Salvetat se serait bien contentée de la renommée de son eau pétillante. Mais depuis deux ans, elle doit faire face à une communauté inquiétante, baptisée "les Brigandes". 

"Foutez le camp". C'est dans une ancienne colonie de vacances que vit cette trentaine de personnes. Au début, ces jeunes femmes, qui présentent bien, ont animé des bals avec des tubes des sixties. Mais peu à peu, leur répertoire a changé. Sur Internet, les chanteuses ont revêtu des loups et sont devenues "les Brigandes". Elles chantent des titres pop-rock mais explicites : Je suis un fasciste, Foutez le camp, qui s'adressent aux musulmans, ou Bergolio, qui appelle ouvertement à "faire la peau" au pape François. Dans la fachosphère, ça cartonne.

"Ce sont des racistes, des fascistes". Thierry, qui habite ici depuis 20 ans, ne comprend pas qu'on les laisse faire. "Ce sont des racistes, des fascistes, ils le revendiquent. La Salvetat, ce n'est pas ça, c'est une terre d'accueil. On est sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils sont en train de nous plomber pour des années", peste-t-il. "C'est trop facile pour la municipalité de se dire que tant qu'ils ne font pas de prosélytisme, tant qu'ils se comportent de façon convenable à La Salvetat, il faut être tolérants avec ces gens-là. On n'a pas à être tolérants envers des idées pareilles", s'insurge cet habitant. 

À La Salvetat, un groupe de musique facho gangrène le village

Menaces et intimidations. Dans le village, le sujet met mal à l'aise. Pourtant, la communauté a pignon sur rue. Un panneau sur leur maison, un local mitoyen de la mairie que le charcutier leur loue. Le maire, qu'Europe 1 a pu rencontrer, semble plus inquiet de la polémique que de la présence de ce groupe dans la commune. Ceux qui s'opposent le payent cher. Entre intimidations et menaces, Christophe, qui habite en face de la colonie, vit un enfer. Il a lancé une pétition sur Internet, mais se sent un peu seul. "On est très peu. On a dû avoir une dizaine de signatures d'habitants de La Salvetat sur la pétition. Ou les gens s'en foutent, ou ils ont peur. Ou alors, c'est que leurs propos leur conviennent très bien…", se désespère-t-il. "On a rencontré le maire il y a un peu plus d'un an, qui nous a répondu qu'on n'avait qu'à leur vendre la maison. Depuis, il n'y a pas eu de suite. On est complètement à l'abandon", s'offusque cet habitant.

L'Etat pressé d'intervenir. Christophe a prévenu la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), mais il attend désormais une action de l'Etat pour que ce groupuscule soit poursuivi pour incitation à la haine, et que la communauté soit dissoute au plus vite.