A Beaufort, le secteur laitier ne connaît pas la crise
Les producteurs locaux vendent leur lait à un prix trois fois supérieur à celui des autres producteurs français. Leur secret : un fonctionnement en coopératives.
Alors que les producteurs laitiers du Grand-Ouest se mobilisent contre Lactalis , premier groupe laitier mondial, pour obtenir une revalorisation du prix du lait , en Savoie, les producteurs de Beaufort ne subissent pas la crise.
"840 euros la tonne". Pierre Simon possède une ferme dans le village de Villars-sur-Doron. Ses 30 vaches laitières sont en alpage, à 2.000 mètres altitude, au col des Saisies. Tous las matins, il monte les traire et récupère environ 400 litres par jour qu'il vend à prix qui ferait rêver tous les producteurs laitiers : "Aujourd'hui, on avoisine les 840 euros la tonne" quand Lactalis achète 260 euros les mille litres. C'est vrai qu'au niveau du litre de lait, il y a un énorme écart, concède l'éleveur. Aujourd'hui, on est quasiment à trois fois leur prix."
"Pas d'industriel, pas de grande surface". Un prix qui est ici rendu possible par le fonctionnement en coopératives depuis maintenant cinquante ans. "On a des coopératives qu'on appelle en gestion directe. On a un conseil d'administration, avec un président et tout le monde est producteur. Les décisions sont prises dans notre intérêt, voilà où ça nous mène", décrit-il avec fierté. "Il n'y a pas d'industriel, pas de grande surface. La valeur ajoutée est vraiment redistribuée aux producteurs de lait."
"Qualité reconnue". Les producteurs contrôlent ici toute la chaîne, de la traite à l'affinage. Mais le prix dépend aussi de la qualité du produit final, souligne Caroline Glise de syndicat de défense du Beaufort : "Si le prix du lait à Beaufort peut être élevé, c'est parce que le consommateur est prêt à mettre un prix élevé dans le produit donc il faut bien que l'on ait une qualité reconnue." Ce système vertueux profite aux 400 exploitations qui bénéficient de l'AOP Beaufort.