Yoni Palmier, le "tueur de l'Essonne", devant les assises

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avec AFP , modifié à
Accusé de quatre meurtres commis en quelques mois dans l'Essonne, Yoni Palmier est jugé à partir de mardi à Evry. 

Quatre assassinats en quelques mois, dans un rayon de cinq kilomètres, une seule arme et un véhicule – une moto "bleue et blanche" – aperçu avant et après chaque meurtre. Au procès de Yoni Palmier, qui s'ouvre mardi devant la cour d'assises à Evry, les preuves sont accablantes, mais le "tueur de l'Essonne" nie les faits et ne semble pas avoir de mobile. Âgé de 36 ans, celui qui comparaît avec une étiquette de "serial killer" encourt la réclusion à perpétuité.

Un homme arrêté à tort. Tout commence le 27 novembre 2011, quand le corps de Nathalie Davids, 35 ans, laborantine, est découvert dans un parking de Juvisy-sur-Orge, dans l'Essonne. Atteinte de sept balles, la jeune femme git dans une mare de sang, à côté de sa voiture. Rapidement, les enquêteurs interpellent Michel Courtois, 49 ans, ex-amant de la victime. L'homme passe aux aveux avant de se rétracter et se retrouve en prison. Il ne sera libéré qu'en juin 2012, trois autres assassinats plus tard, après plusieurs demandes de libération retoquées, le temps d'exclure tout lien avec Yoni Palmier.

Car les meurtres ont continué : au même endroit que Nathalie Davids, Jean-Yves Bonnerue, 52 ans, est retrouvé, tué d'une balle dans la tête, le 22 février 2012. Puis, le 17 mars 2012, Marcel Brunetto, 81 ans, est abattu dans le hall de son immeuble à Ris-Orangis, là encore d'une balle tirée dans la tête à bout portant. Le mode opératoire est le même le 5 avril 2012 pour Nadjia Boudjemia-Lahcène, 48 ans, elle aussi tuée dans le hall de son immeuble à Grigny. 

La même arme, la même moto. Entre ces quatre meurtres, deux liens : la même arme, un pistolet-semi automatique de calibre 7.65 mm,  est utilisée à chaque fois. Et dans les heures qui précèdent ou suivent les assassinats, plusieurs témoins disent avoir aperçu une moto "bleue et blanche". L'étau se resserre et après le quatrième meurtre, la police lance un avis de recherche pour retrouver le "tueur à moto". Le 14 avril, Yoni Palmier est arrêté à Ris-Orangis.

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Les enquêteurs commencent alors à reconstituer le puzzle. Ils retrouvent d'abord la fameuse moto bleue et blanche de l'accusé, une Suzuki qu'il surnomme "Suzie", garée dans un box de location à Viry-Châtillon. Dans un autre box, loué à Draveil, les enquêteurs découvrent l'arme des crimes avec l'ADN de Yoni Palmier ainsi que des douilles similaires à celles retrouvées sur les lieux des crimes. 

Un homme "en dehors de la société". Puis, des rapprochements se font : Yoni Palmier loue un troisième box situé dans le parking où les deux premières victimes ont été tuées. Jusqu'en 2004, le suspect a habité dans le même immeuble que la troisième victime. Et il fréquente le quartier de la Grande-Borne à Grigny, où le quatrième meurtre a été commis.

Yoni Palmier est décrit comme un homme "seul, en dehors de la société", "magouilleur". Dans son quartier, les voisins redoutent cet homme menaçant et "toujours sur la défensive". Ses relations familiales sont tout aussi tourmentées. Sa mère, Félicienne, s'occupe de tout pour lui, lui fait ses courses et lui donne de l'argent. Un jour, alors qu'elle refuse de l'accompagner chez l'assistante sociale, il la poignarde, ainsi que son père. Yoni Palmier écope alors de six mois de prison ferme.

Une lettre envoyée par sa mère. Devant les enquêteurs, malgré les preuves qui l'accablent, Yoni Palmier nie. Il accuse même un certain "Niorka", qui s'attribue les meurtres dans une lettre qu'il a reçue en prison. Il s'agit en réalité d'un courrier qu'il s'est fait envoyer par sa mère, la seule à lui rendre visite en détention. Puis, il adopte une autre ligne, tout aussi confuse. Yoni Palmier accuse un "groupement" de personnes qui auraient tué au hasard afin de venger des agressions qu'il affirme avoir subies, sans intervention de la justice. A un ami, il écrit un courrier dans lequel il assure : "Faudrait que je t'explique des choses qui me sont arrivées. Tu comprendras mieux, qu'il y a des gens qui ont tout manipulé". 

Pour l'un de ses avocats, Julien Fresnault, son client cherche à "se présenter comme normal". "Son discours, c'est de dire : 'Moi on m'a agressé toute ma vie et la justice n'a jamais rien fait. Maintenant je suis accusé et on ne fait rien pour m'innocenter !'", explique-t-il. 

Le verdict est attendu pour le 17 avril. 

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