Wiel battu "parce qu'il était homosexuel"

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avec Marie Peyraube et AFP , modifié à
Pour la première fois, un accusé a reconnu avoir agressé Bruno Wiel parce qu'il était homosexuel.

"Vous dites que la prison c’est dur mais lui a fait des jours de coma, il a la moitié du cerveau abîmée. On est là pour avoir des réponses", a lancé Matthieu, le frère de Bruno Wiel, aux agresseurs de ce dernier. Ces mots, prononcés mardi devant la Cour d'Assises du Val-de-Marne, ont produit un déclic. Depuis le début du procès, les accusés ne faisaient que se renvoyer la balle. Pour la première fois, un des tortionnaires présumés de Bruno Wiel a reconnu mardi que l'homosexualité de la victime avait été un des "facteurs déclenchants" de sa violente agression un soir de 2006 à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.

Brûlé et sodomisé

Quand les accusés ont croisé la route de Bruno Wiel à Paris dans la nuit du 19 au 20 juillet 2006, "on a vu qu'il était éméché et qu'il était homosexuel et on a profité de ce fait pour le voler", a d'abord raconté Antoine Soleiman, l'un des hommes jugés. Ensuite, ça "a été l'escalade. Il y a plusieurs facteurs déclenchants et on ne peut pas nier le fait que l'homosexualité en a été un", a poursuivi Antoine Soleiman, citant également "la frustration" liée au fait que Bruno Wiel "n'avait rien à voler".

L'accusé a parlé d'un "déchaînement de violence", un "phénomène de groupe", selon son avocate, interrogée au micro d'Europe 1. Puis, Antoine Soleiman a avoué avoir frappé Bruno Wiel "parce qu'il était homosexuel". "Je n’ai pas assez de toute une vie pour le regretter", a encore ajouté l'accusé, toujours selon son avocate.

Antoine Soleiman a cependant assuré mardi que lui et ses camarades ne sont pas "des homophobes". "Ça a été une perte de contrôle", a-t-il martelé, tout en reconnaissant que lui et certains de ses co-accusés avaient lancé au moment de l'agression : "on n'est pas des pédés". "Je ne sais pas comment on est en arrivé là", a-t-il ajouté.

"Déchaînement de violence"

Depuis le début de leur procès, les quatre accusés qui comparaissent pour actes de tortures et de barbarie avaient toujours nié avoir violenté Bruno Wiel en raison de son homosexualité. Lundi, ils avaient surtout avancé des motivations pécuniaires. Après l'avoir fait monter dans leur voiture, ils se seraient aperçus que ses poches étaient vides, mais l'auraient quand même conduit dans un parc de Vitry, là où Bruno Wiel a finalement été passé à tabac, brûlé et sodomisé à l'aide d'un bâton.

"Fiers d'avoir tabassé un mec"

David Deugoué N'Gagoué, lui aussi jugé, a assuré que ses co-accusés "s'étaient vantés" des faits dans leur cité de Thiais, dans le Val-de-Marne. "Ils étaient fiers d'avoir tabassé un mec", a-t-il affirmé, suscitant les dénégations des autres hommes jugés avec lui.

Bruno Wiel, qui est resté 15 jours dans le coma avant d'être hospitalisé pendant près de sept mois, a qualifié son agression avec ses propres mots : "ils avaient juste envie de casser du pédé". Le verdict est attendu vendredi.