Vacances d'été : Peillon tergiverse

Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon envisage de ne pas modifier le calendrier des vacances d'été si la question devait bloquer les autres aspects de la délicate réforme des rythmes scolaires, dans un entretien au journal Les Echos publié sur son site mardi soir.
Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon envisage de ne pas modifier le calendrier des vacances d'été si la question devait bloquer les autres aspects de la délicate réforme des rythmes scolaires, dans un entretien au journal Les Echos publié sur son site mardi soir. © MAXPPP
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Le ministre envisage de renoncer à réformer le système. Chronique d'un projet presque mort né.

Le projet de modifier le calendrier des vacances d'été est-il abandonné? C'est ce qu'a laissé entendre Vincent Peillon, dans un entretien au journal Les Echos publié mercredi. "Si la question des vacances d'été doit bloquer toutes les autres avancées, je proposerai au Premier ministre de ne pas y toucher", a ainsi déclaré le ministre de l'Education.

"Vous pouvez compter sur ma détermination pour faire bouger les choses. Mais je suis aussi pragmatique. L'équation est complexe, et elle implique beaucoup de partenaires, à commencer par les collectivités locales. Passer en force est toujours contreproductif. Il faut arriver à convaincre tous les acteurs du bien-fondé des réformes que nous devons conduire", a fait valoir le ministre.

Un éventuel pas en arrière qui pourrait s'effectuer sur deux dossiers : la réduction des "grandes vacances" et leur zonage.

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SUR LA RÉDUCTION DES CONGÉS

Où en était le projet ? L'idée d'amputer les "grandes vacances" de deux semaines semblait pourtant avoir fait son chemin. En mai 2011, un rapport commandé par le ministre de l'époque, Luc Chatel, avait préconisé une telle mesure. Le but : allonger l'année scolaire de 36 à 38 semaines, afin que les élèves aient des journées moins chargées.  L'idée avait recueilli la majorité des voix du comité de pilotage du rapport. Et trouvé le soutien de Luc Chatel.

Vincent Peillon semblait l'avoir fait sienne. Après avoir décidé de gratifier les vacances de la Toussaint de quelques jour en plus pour que les enfants aient une "vraie coupure", le ministre affirmait encore la semaine dernière vouloir porter le nombre de journées de cours dans l'année de 144 à 180. "Concentrer l'enseignement sur 144 jours et 36 semaines est un attentat contre notre jeunesse et contre notre avenir", a-t-il encore souligné dans le journal économique. Or cela semble difficile à appliquer sans raboter les vacances d'été.

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Les critiques qui ont pu avoir raison de lui. Mais la mesure ne fait pas l'unanimité. Notamment auprès des enseignants, qui ne disposent pas de deux mois de vacances, puisqu'une partie est consacrée aux corrections d'examen et à la préparation de la rentrée. D'autre part, certains estiment que l'absentéisme des enfants augmenterait, en raison des fermetures des entreprises, des calendriers de vacances de leurs parents ou des congés hors de France des familles d'origine étrangère.

SUR LE ZONAGE

Où en était le projet ? Autre réforme qui pourrait passer à la trappe, le zonage des vacances d'été, proposée par le rapport commandé par Luc Chatel, et soutenue par Vincent Peillon. "J'examine avec sérieux et intérêt la proposition. En tout cas, elle n'est pas sotte", avait déclaré le ministre actuel le 5 septembre dernier.

Les critiques qui ont pu avoir raison de lui. Le "zonage académique" consiste à échelonner le début des vacances en fonction des zones géographiques (A, B, C), comme c'est déjà le cas pour les vacances de février et de Pâques. Mais si l'idée ravit les professionnels du tourisme, parents d'élèves et enseignants sont plus circonspects. Vacances des familles décomposées perturbées, organisation du bac alourdie… Les motifs de critique ne manquent pas.

>> Lire notre décryptage : le zonage, idée "sotte"?

Toutes ces questions devraient être éclaircies le 9 octobre, lors de la présentation de la synthèse de la concertation sur la refondation de l'école tenue la semaine dernière, prélude de l'élaboration imminente d'une loi.