Un gourou de l'Ariège devant les juges

Robert Le Dinh est jugé en appel à partir de mercredi pour le viol d'anciennes adeptes.
Robert Le Dinh est jugé en appel à partir de mercredi pour le viol d'anciennes adeptes. © MAXPPP
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avec agences
Robert Le Dinh est jugé en appel à partir de mercredi pour le viol d'anciennes adeptes.

Le "gourou" Robert Le Dinh de nouveau face aux juges. Disant avoir reçu en 1982 une révélation du Christ, ce fils d'ouvrier bouddhiste d'origine vietnamienne et d'une mère française catholique, dispensait des enseignements spirituels à une vingtaine de personnes, d'abord dans le Lot-et-Garonne, puis, à partir de 2005, dans l'Ariège. Il est soupçonné de viols et d'agressions sexuelles.

Jugé pour viols et agressions sexuelles

En septembre 2010 il avait été condamné à quinze ans de réclusions par la cour d'assises de l'Ariège. Il était jugé pour viols sur personnes vulnérables et agressions sexuelles, y compris sur des mineures, ainsi que pour abus de faiblesse. Surnommé Tang, cet homme de 52 ans a fait appel de cette décision. Il est donc rejugé à partir de mercredi.

Deux thèses radicalement opposées s'étaient affrontées en septembre 2010 au cours de son premier procès. D'un côté, d'anciens disciples avaient décrit le gourou pervers d'une secte qui usait de son emprise pour obtenir des faveurs sexuelles mais aussi faire financer son train de vie. De l'autre, l'accusé évoquait une communauté d'amis dans laquelle il n'a jamais rien imposé à personne, et certainement pas des viols.

Première dénonciation dès 2007

Son ascendant était tel que Robert Le Dinh aurait conseillé les adeptes dans leur carrière, constitué les couples ou prénommé les enfants, d'après des témoins.

S'il est mis en cause, répond le "gourou", c'est le résultat d'une machination fomentée par Dominique et Isabelle Lorenzato, ex-adeptes motivés par la jalousie et le dépit amoureux. Le couple avait le premier dénoncé les faits, en 2007.

Les avocats du gourou présumé démentent toute entreprise sectaire. Et comme en première instance, Me Pierre Le Bonjour et Me Edouard Martial plaideront l'acquittement. Si Robert Le Dinh était le "chef" d'un groupe, l'avocat met en doute la "force de son emprise sur les gens. Il faudra voir si elle était suffisante pour contraindre quelqu'un à être amoureux ou à avoir des relations sexuelles", explique-t-il.

Une emprise mentale ?

Un avis que ne partagent évidemment pas les parties civiles, parmi lesquelles l'association de défense des familles UNADFI, qui soulignent que le groupe de Tang a été cité dans le dernier rapport de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

C'est un dossier "particulièrement emblématique du fonctionnement de la manipulation et de l'emprise mentale", a expliqué le couple Lorenzato dans un communiqué. "On aborde ce dossier l'arme au pied", souligne leur avocat, Me Daniel Picotin, faisant valoir en particulier que les expertises psychiatriques avaient "très clairement conclu à l'emprise mentale" exercée par Robert Le Dinh.