Toulouse : que dire aux enfants ?

"Pour les plus jeunes, il est très difficile de les informer sur le comportement de l'assassin tout en les rassurant" explique le psychiatre Stéphane Clerget
"Pour les plus jeunes, il est très difficile de les informer sur le comportement de l'assassin tout en les rassurant" explique le psychiatre Stéphane Clerget © Max PPP
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Solène Cordier , modifié à
Une minute de silence sera observée mardi dans les écoles. Le psychiatre Stéphane Clerget conseille les parents.

Mardi matin, dans toutes les écoles de France, une minute de silence sera observée à la mémoire des victimes tuées lundi à Toulouse. Comment aborder ces événements avec ses enfants ? Le psychiatre Stéphane Clerget, auteur de Réussir à l'école : une question d'amour ? (éd. Larousse), livre ses conseils à Europe1.fr.

Comment évoquer avec ses enfants la minute de silence qu'ils vont devoir observer mardi matin ?

Tout dépend de l'âge des enfants. Pour ceux qui ont moins de huit ans, cette minute de silence n'a aucun intérêt pédagogique. Elle ne sera qu'une source de stress. Ils ne sont pas en mesure d'accueillir des informations telles que le drame de Toulouse et donc la raison de cette minute de silence.

Mais comme ils vont être tout de même y être confrontés, mieux vaut que les explications passent par des adultes compétents. Si la famille ne s'en sent pas capable, il est préférable de laisser les enseignants s'en charger demain.

Quels mots les parents doivent-ils employer s'ils évoquent le sujet avec leurs enfants ?

Avec les adolescents, à partir de 12-13 ans, ce qu'il s'est passé à Toulouse peut être l'occasion d'une pédagogie sur les effets du racisme, de l'antisémitisme.

Pour les plus jeunes, il est très difficile de les informer sur le comportement de l'assassin tout en les rassurant. Toutefois, s'ils sont déjà au courant de cette affaire, il faut absolument les éclairer et leur expliquer qu'ils ne risquent rien.

Il faut dire que celui qui a tué ces enfants est un individu qui s'est laissé emporter par sa haine, qui a perdu son humanité et qui a oublié qu'il est interdit de tuer. Le cheminement peut sembler alambiqué mais il permet une mise à distance et surtout de rappeler que cet acte est prohibé et inhumain.

Ensuite, il faut expliquer que la minute de silence permet de penser aux victimes, de présenter ses condoléances aux familles et de montrer qu'on est tous ensemble contre le crime. Paradoxalement, leur parler du crime est angoissant mais expliquer ensuite la minute de silence permet de rassurer.

A l'inverse, faut-il éviter de dire certaines choses ?

Si l'enfant ne réagit pas spécialement, mieux vaut ne pas trop en dire, éviter d'insister.

L'erreur, qui va très probablement être commise, consiste à dire que c'est l'acte d'un fou. D'abord parce qu'on ne le sait pas, et que tous les criminels ne sont pas des fous. Et aussi parce que ce serait une façon de dire qu'on n'y peut rien. Enfin, cela risque de leur faire peur dès qu'ils croisent quelqu'un d'un peu bizarre. Il faut prendre garde à ne pas ostraciser les fous dans de telles circonstances.