Que rapportaient les radars vandalisés en Bretagne ?

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Frédéric Frangeul et Guillaume Biet , modifié à
L'ADDITION - Autour de 8.300 euros par jour. C'est peu pour les caisses de l'Etat, c'est beaucoup pour la Sécurité routière.

Les chiffres. 46 radars vandalisés, dont la moitié sont hors d’usage, et ce en l'espace de quelques semaines seulement. Le bilan des dégradations opérées sur les routes de Bretagne, en marge du mouvement de protestation des "bonnets rouges" contre l’écotaxe, est lourd. Leur remplacement aura un coût pour le contribuable : 30.000 euros par radar à remplacer, soit au moins 690.000 euros d'argent public à débourser. Une addition très salée. Mais pour quoi faire au juste ? Les vandales, au risque de porter atteinte au passage à la Sécurité routière, s'en sont pris avant tout à un symbole. Car dans les faits, les radars attaqués en question n'étaient pas des "pompes à fric". Ils rapportaient en fait fort peu à l'Etat.

Un "rendement" bien faible. Le total des flashs quotidiens pour l’ensemble des radars vandalisés en Bretagne se monte à 185 unités par jour, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur qu'Europe 1 a pu consulter. Ce qui correspond à un manque à gagner quotidien de 8.325 euros pour l’Etat, en se basant sur un montant d’amende moyen de 45 euros, et en gageant que tous les verbalisés paient bien leur amende.

Sur les 46 radars ciblés, la moitié effectuait moins de 6 flashs par jour. En comparaison, le radar le plus "efficace" de France, installé au bord de l’A10 entre Bordeaux et Paris, à proximité de Tours, effectue à lui seul 443 flashs chaque jour. Les radars ciblés en Bretagne sont donc loin d’être parmi ceux qui délivrent le plus d’amendes. Aucun des 109 radars positionnés le long des routes bretonnes ne figure d’ailleurs dans le Top 100 des radars les plus "efficaces" de France.

Mais c'est la Sécurité routière qui est attaquée. Mais pour Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, l'essentiel est ailleurs : "c’est notre société toute entière qui va payer, pas uniquement économiquement, mais par des drames supplémentaires. Et cela, nous ne pouvons pas le tolérer ", s’indigne-t-elle. "Il serait bon que ceux qui vandalisent et qui cassent les radars actuellement ait un tout petit peu la connaissance de ce à quoi servent les radars", déplore-t-elle au micro d’Europe 1. "Ce sont des milliers de vie qui ont été épargnées et sauvées depuis 2002. Est-ce que ces personnes acceptent de voir une remontée des drames sur nos routes sous prétexte de passer son humeur ?", ajoute-t-elle 

L'Etat, de son côté, affiche sa fermeté. Sommées de réagir vite, les autorités ont déjà fait savoir que les radars vandalisés allaient être remplacés. Les radars font partie d'une "politique prioritaire" de sécurité routière, a assuré dimanche  Patrick Strzoda, le préfet de Bretagne. "On entend souvent dire que les radars sont des pompes à fric : non ce sont des équipements qui sont installés à des endroits où il y a déjà eu des morts sur les routes", a-t-il poursuivi. De son côté, Manuel Valls a demandé un renforcement de la surveillance autour de ces équipements publics. Ces radars ont une utilité : sauver la vie des gens", a insisté lundi le ministre de l'Intérieur. Avant de conclure : "on s'attaque donc à des équipements utiles et indispensables".

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