Procès Pasqua: l’affaire Alsthom examinée

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Les anciens dirigeants de GEC-Alsthom ont apporté un soutien inattendu au sénateur.

Naguère persuadés d'avoir été "rackettés" au profit d'un financement politique de la mouvance Pasqua, les anciens dirigeants de GEC-Alsthom ont été beaucoup moins affirmatifs, mercredi, devant la Cour de justice de la République à l’examen du deuxième "dossier" Pasqua.

Charles Pasqua est jugé dans ce dossier pour "complicité d'abus de biens sociaux". En tant que ministre de l’Intérieur, il avait à l’époque sous sa tutelle la Datar, la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale. En 1994, GEC-Alsthom, devenu Alstom, souhaitait déménager. Pour cela, le groupe avait besoin de l’autorisation de la Datar. Pour débloquer le dossier, Alstom aurait versé un pot-de-vin évalué à près de 800.000 euros.

Contact avec le "petit monsieur"

Retour sur les faits : en 1994, le groupe de construction a besoin du feu vert de la Datar pour pouvoir déménager. Ce feu vert se monnaye cher, fait alors comprendre aux dirigeants d'Alsthom le consultant qu'ils ont chargé du dossier. Ce dernier leur conseille de prendre contact avec le "petit monsieur", surnom d'Etienne Leandri, sulfureux personnage réputé proche de Charles Pasqua. Le tarif d'Etienne Leandri ? 790.000 euros pour décrocher l'agrément de la Datar. Le marché se conclut.

La thèse de l'escroquerie privilégiée

A la barre, les anciens dirigeants de GEC-Alsthom ont penché pour la thèse d’une escroquerie organisée aux dépens du sénateur des Hauts-de-Seine. "Mon impression aujourd'hui, c'est que des gens de l'entourage de Charles Pasqua, , se sont servis de son nom et de sa réputation pour que nous ayons peur et que nous effectuions ce versement", a témoigné Bernard Lebrun, ancien directeur financier de GEC-Alsthom transport. « On s’est fait avoir purement et simplement » renchérit Pierre Bilger, l’ancien patron Alsthom.

Après avoir transité sur plusieurs comptes, dont celui d'Etienne Leandri, les fonds extorqués avaient finalement atterri sur un compte suisse dont l'ayant-droit était le fils de Charles Pasqua, Pierre Pasqua. Ce dernier a été condamné à un an de prison ferme dans cette affaire.