Procès Le Roux : "il n'y a aucune preuve" contre Agnelet

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avec Noémie Schulz , modifié à
DÉFENSE - Pour l'avocat de Maurice Agnelet, jugé pour le meurtre d'Agnès Le Roux, en 1977, ce troisième procès est une "aberration".

"Ce procès est une aberration". Alors que le troisième procès de Maurice Agnelet s'ouvre lundi, son avocat, Me François Saint-Pierre dénonce une "aberration" judiciaire. Selon lui, les charges ne sont pas suffisantes pour poursuivre Maurice Agnelet pour le meurtre énigmatique d'Agnès Le Roux, en 1977.

Une procédure judiciaire à rebondissements. Dans cette affaire vieille de trente ans, Maurice Agnelet a d'abord bénéficié d'un non-lieu en 1986, avant d'être acquitté en 2006, puis condamné en appel, en 2007, à 20 ans de réclusion. En février 2013, coup de théâtre : la commission de réexamen de la Cour de cassation lui a accordé le droit à un troisième procès. Lundi, il comparaît donc libre devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine à Rennes. Une nouvelle fois, les juges devront donc déterminer si Maurice Agnelet, qui était le compagnon d'Agnès Le Roux, est l'auteur de "meurtre sans cadavre", le corps de la victime n'ayant jamais été retrouvé.

Agnès Le Roux, et en arrière plan le casino "Le Palais de la Méditerranée" dont elle était l'héritière.

"Il n'y a aucune preuve". Pour Me François Saint-Pierre, ce troisième procès n'est clairement pas justifié. "Dans cette affaire, il n'y a aucune preuve. Ce procès est un aberration. Qui peut prouver d'Agnès le Roux est décédée ? Personne", fustige le conseil. La disparition de la riche héritière du Palais de la Méditerranée à Nice reste en effet une énigme. Durant les vacances de la Toussaint 1977, Agnès Le Roux, alors âgée de 29 ans, part au volant de sa Range Rover blanche. Et personne ne la reverra jamais. Au delà-du mystère, il s'agit pour les enquêteurs d'un crime parfait, dont Maurice Agnelet serait l'auteur.

"Il y a plein d'autres hypothèses". Sauf que la justice n'a jamais pu établir formellement la culpabilité de Maurice Agnelet. L'avocat de ce dernier va donc tenter lors de ce troisième procès de souligner qu'il pourrait s'agir d'un accident de la route. "J'ai amené pour le juge, une série d'articles de presse, certains anciens, d'autres récents, qui font état d'histoires extraordinaires : des personnes qui ont loup un virage il y a 25 ans et on retrouve aujourd'hui leur voiture avec leur squelette dedans", détaille-t-il. Autre ligne de défense : un suicide. "Il y a d'autres personnes qui malheureusement peuvent partir volontairement, se suicider, être victime d'un meurtre, il y a plein d'hypothèses", commente Me François Saint-Pierre.

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"C'est un homme changé". Pour le conseil, il existe aucun élément pour inculper son client. "Ce qui compte pour un procès, c'est qu'il y ait une scène de crime, c'est-à-dire l'équation minimale pour dire : 'il y a eu crime et on pense que c'est untel qui l'a commis'. Ici, rien de tout ça", insiste l'avocat. Et de conclure sur la personnalité de Maurice Agnelet : "vous savez que Maurice Agnelet à 76 ans aujourd'hui. C'est un vieil homme, c'est un homme changé, qui est bouleversant. Ça fait près de 25 ans que sa vie est bouleversée par cette histoire-là. C'est une aberration judiciaire. Il faut y mettre fin."

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