Pourquoi les policiers sont-ils en colère ?

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Solène Cordier avec agences , modifié à
Les relations tendues avec la justice ne sont pas les seuls motifs de colère des forces de l'ordre.

La manifestation mercredi soir de policiers sur les Champs Elysées et à Bobigny a été spectaculaire mais des précédents existent. Ces dernières années, les forces de l'ordre ont à plusieurs reprises fait connaître publiquement leur mécontentement. Pourtant, les policiers sont normalement tenus à un devoir de réserve et le droit de manifester ne leur appartient pas.

"Les policiers sont très remontés"

Dans ce cas précis, c'est la mise en examen pour homicide volontaire d'un de leurs collègues ayant tiré sur un suspect en fuite en Seine-Saint-Denis qui a provoqué les rassemblements.

"Les policiers sont très remontés", a résumé Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité SGP-FO, auquel appartient le policier mis en cause qui est délégué syndical. "Nous ne nions pas le fait que la justice doit faire son travail. Mais la qualification d'homicide volontaire retenue par la juge est incompréhensible, tout comme l'interdiction d'exercer la profession de policier, qui va le priver de son salaire", a-t-il ajouté.

Relations tendues avec la justice

En février dernier, c'était aussi une décision de justice qui avait conduit quelque 200 gardiens de la paix en civil à se rassembler devant le tribunal de grande instance d'Evry, dans l'Essonne, à l'appel du syndicat Unité SGP Police. "On est mécontents de la politique du parquet sur les poursuites concernant les outrages, rébellion et violences sur des collègues", expliquait alors Frédéric de Oliveira, du bureau départemental du syndicat Unité SGP Police. "Nous ne sommes pas soutenus par le parquet, cela donne un sentiment d'impunité", ajoutait le syndicaliste.

Plus d'un an avant, en décembre 2010, plusieurs dizaines de policiers avaient déjà manifesté devant le tribunal de justice de Bobigny, après la condamnation à de la prison ferme de sept de leurs collègues.

Malaise dans la profession

Mais au-delà des relations parfois tendues entre les forces de l'ordre et la justice, ces manifestations traduisent aussi un climat social dégradé au sein de la police. Le manque d'effectifs et la dégradation des conditions de travail sont des motifs forts d'insatisfaction.

"Nous sommes très touchés dans la région par un certain malaise dans la profession", affirmait début avril Bruno Bartocetti, délégué régional Unité SGP Police, au quotidien Midi Libre. "Dans l’Hérault, par exemple, en moyenne, on recense un suicide par an depuis 8 ans", ajoutait le syndicaliste. Au point que son syndicat a lancé, pour la première fois en France, une grande enquête sur les risques psychosociaux sous la forme d’un questionnaire aux quelque 4 000 policiers de la région.

Des conditions de travail difficiles

En Bretagne, des rassemblements ont d'ailleurs été organisés en avril dernier pour dénoncer un quotidien de plus en plus difficile, notamment en raison de la fusion des corps des personnels administratifs et techniques (police, préfecture, gendarmerie et tribunaux administratifs).

Plus exceptionnel, des membres de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) ont eux aussi manifesté en mars dernier pour protester contre une gestion qualifiée de désastreuse des ressources humaines.