Pourquoi le procès Heaulme a été renvoyé

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avec Marie-Laure Combes, envoyée spéciale à Metz , modifié à
COUP DE THÉÂTRE - Après les révélations de deux nouveaux témoins, la cour d'assises de Metz a renvoyé le procès à une session ultérieure.

Nouveau coup de théâtre lors du procès de Francis Heaulme. Alors que son procès devait durer quatre semaines, il vient finalement d'être renvoyé à une date ultérieure. Car au lendemain de l'ouverture de l'audience, le procès de Francis Heaulme est clairement devenu celui d'Henri Leclaire. Mardi matin, l'audition de cet homme, mis en cause par deux nouveaux témoins, a fait basculer le procès.

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De lourdes suspicions contre Henri Leclaire. L'homme, le premier suspect dans l’affaire, blanchi depuis, est de nouveau suspecté d'avoir été présent sur les lieux du double meurtre, à Montigny-lès-Metz, en 1986. Deux témoins de dernière minute le mettent en effet clairement en cause. L'une assure avoir reçu les confidences d'Henri Leclaire et l'autre affirme l'avoir vu à proximité des lieux du crime le jour du double meurtre. En résumé, les deux témoins soulèvent des doutes sur la présence d'Henri Leclaire aux côtés de Francis Heaulme le jour du meurtre. Des accusations qu'Henri Leclaire a niées formellement, tout en s'embrouillant dans ses explications.

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Vers l'ouverture d'une information judiciaire. C'est pourquoi, le président du tribunal de la cour d'assises de Metz a décidé de renvoyer le procès. "Il pourrait exister des charges contre une autre personne", a justifié le président Steffanus. "Et Francis Heaulme est en droit d'exiger un procès équitable", a-t-il ajouté. 

Dans ses réquisitions, le procureur général avait estimé "que le dossier n'était plus en l'état d'être jugé". L'objectif de ce renvoi est d'obtenir l'ouverture d'une information judiciaire à l'encontre d'Henri Leclaire. En effet, a expliqué le représentant du parquet, la cour n'étant saisie que du cas de Francis Heaulme, elle ne peut pas demander de supplément d'information concernant Henri Leclaire. Me Hellenbrand, l'avocat de ce dernier, avait reconnu mardi en début d'après-midi que l'on s'orientait vers une mise en examen de son client.

"La vérité est à ce prix." Avant de lever l'audience, le président Steffanus a eu quelques mots pour les familles : "je veux leur faire part de mon regret de ne pas pouvoir aujourd’hui mener les débats jusqu’à leur terme. Mais la vérité, l’entière vérité est à ce prix, au prix de ces nouvelles souffrances qui vous sont infligées", a-t-il dit. "Nous sommes convaincus que la vérité finira par être affirmée dans cette enceinte. Je dis ma détermination afin de que la justice passe enfin."

Dans le sens des demandes des avocats. Pour les familles, qui s'étaient associées à la demande de renvoi du parquet, ce renvoi est sans doute un mal pour un bien. "Il est évident que Leclaire est impliqué dans le double meurtre", a réagi Me Boh-Petit, l'avocate de Chantal Beining, après l'audience. "On le voit perturbé, on voit qu'il ment. On est au bord du précipice. Mais ce n'est pas là que ça doit se faire", estime-t-elle à propos de l'audience de la matinée. Pour elle, "c'est un événement positif. La vérité est au bout du chemin, il faut juste un peu l'attendre". L'avocat a également confié que sa cliente restait combative : "elle a dit au procureur général 'je me battrai et je tiendrai le coup'".

"Ce procès était impossible. Le renvoi était la seule solution", a pour sa part réagi Me Liliane Glock, la principale avocate de Francis Heaulme, en sortant du procès.

Me Hellenbrand, l'avocat d'Henri Leclaire, qui n'avait pas pu assister son client puisqu'il était interrogé comme simple témoin, avait dénoncé "une parodie de justice". Selon lui, "on s'oriente vers une mise en examen" de son client.

Une pensée pour Dils. Enfin, le renvoi de ce procès constitue un énième rebondissement dans cette affaire hors norme qui a déjà valu à un autre suspect, Patrick Dils, deux condamnations et 15 ans de prison, avant qu'il ne soit acquitté. Le président du tribunal a d'ailleurs eu une pensée pour lui après avoir lu l'arrêt : "au nom de la cour, je tiens à dire, dans cette salle où il a été condamné en 1989, combien a été immense l’erreur judiciaire qui l’a frappé. Puisse une telle catastrophe judiciaire ne jamais se reproduire", a-t-il dit, ému.

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