Pompiers : la Cour des comptes voit rouge

Entre 2002 et 2010, les effectifs de pompiers ont progressé plus vite que le nombre d'interventions
Entre 2002 et 2010, les effectifs de pompiers ont progressé plus vite que le nombre d'interventions © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Les sages de la rue Cambon pointent du doigt la forte hausse des effectifs professionnels.

"La sécurité des personnes n'a pas de prix, mais elle a un coût". Les mots de Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, ont dû faire grincer pas mal de dents du côté des pompiers. Dans un rapport cinglant, l'institution relève ainsi de nombreuses anomalies et un accroissement "mal maîtrisé" des dépenses dans la gestion des effectifs des combattants du feu.

Proportionnellement plus d'effectifs par intervention

Entre 2002 et 2010, "les charges de personnel constituent la principale cause d'augmentation des dépenses" avec un nombre de pompiers professionnels passé en huit ans de 33.727 à 40.302, soit +19%. Les personnels administratifs sont passés quant à eux de 7.661 à 11.123, soit une augmentation de 45%. "Ce qui parait élevé", écrit la Cour dans son rapport rendu public jeudi, alors qu'en huit ans, le nombre d'intervention n'a augmenté que de 17%.

Or, la mobilisation des sapeurs-pompiers professionnels coûte cher, très cher par rapport aux volontaires. "La masse salariale des 197.307 pompiers volontaires est dix fois moins importante que celle des 40.301 pompiers professionnels", précise ainsi le rapport.

La Cour et les chambres régionales des comptes (CRC) ont passé au crible le fonctionnement de 50 des 98 Services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) de France et les brigades de Paris et de Marseille, qui sont composées de militaires.

Fortes disparités entre départements

En tout, la France compte 250.000 pompiers, dont 80% de volontaires. Les SDIS sont  intervenus 3,6 millions de fois sur le territoire pour un coût de 4,74 milliards d'euros en 2010. Plus des deux tiers des interventions (69%) concernent le secours à la personne, notamment les accidents de la route.

Cela revient ainsi à 79 euros par an en moyenne par habitant. Mais cette moyenne ne rend pas compte d'importantes disparités en fonction des départements. Ce montant tombe ainsi par exemple à 42 euros par an et par habitant dans l'Aube, un département où il y a de nombreux pompiers volontaires. Et il grimpe à 161 euros en Haute-Corse, un département particulièrement touché par les incendies de forêt.

Un système de gardes coûteux

La Cour des comptes note que de nombreux SDIS ont instauré des régimes de garde de 24 heures (G24), suivis d'une interruption de service de même durée. Cela "aboutit au service de 90 à 100 gardes par an par sapeur-pompier professionnel" (1.607 heures de travail par an) écrit la Cour qui précise "compte tenu de l'absentéisme et de la formation, le nombre de gardes réellement effectuées tombe entre 70 et 80 gardes annuelles".

De plus, "les gardes blanches, au cours desquelles il n'y a pas d'interventions sont très nombreuses", parfois 25%. "Ce régime est très coûteux en personnel", souligne la Cour.

265 à 275 de congés et de repos par an

Alors que les pompiers de Paris effectuent 125 gardes par an, ceux de Marseille 105, ce chiffre tombe à 63 dans le Vaucluse. "Il résulte de cette situation un nombre important de jours de repos et de congés par pompier professionnel, de 265 à 275 jours par an en moyenne" a souligné le premier président de la Cour, Didier Migaud.

Afin d'améliorer la situation, la Cour des comptes suggère 25 mesures. Les sages préconisent par exemple la diminution du nombre des centres de secours, passés de 8.698 en 2002 à 7.277 en 2010, mais jugés encore trop nombreux. La Cour recommande également de faire appel de façon plus importante aux pompiers volontaires, une meilleure mutualisation des achats entre SDIS ou encore une meilleure gestion du temps de travail.