Policiers et gendarmes trop avantagés ?

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C.B avec AFP , modifié à
La Cour des comptes critique les avantages qui leur sont accordés et préconise "une pause salariale".

Policiers et gendarmes sont-ils des fonctionnaires trop avantagés ? C'est du moins ce que souligne le rapport de la Cour des comptes rendu public lundi. L'institution critique notamment "l'insuffisance de la gestion des dépenses", la "tendance au dépassement des crédits votés" et une "accumulation des mesures catégorielles" qui ont été accordées aux policiers et aux gendarmes. La Cour préconise donc une "pause salariale", déjà dénoncée par les syndicats de police.

Des dépenses en augmentation... La Cour, qui avait déjà vivement mis en cause en 2011 la gestion des forces de l'ordre et le bilan des années Sarkozy, a donc passé cette fois au crible leurs dépenses de rémunération et leur temps de travail.  Elle observe qu'entre 2006 et 2011, en dépit "de la suppression de 7.000 emplois du fait du non remplacement d'un départ à la retraite sur deux, ces dépenses ont continué d'augmenter rapidement".

… A cause d'un changement de statut. Elle l'explique par "l'importance des mesures catégorielles" accordées aux forces de l'ordre "pour améliorer" leurs "déroulements de carrière et rémunération". La Cour cite à cet égard l'adoption d'une importante réforme des corps et des carrières des policiers, en 2004, puis des gendarmes, en 2005. Des décisions dont les effets se font encore sentir puisque ces deux réformes ont donné lieu à un changement de statut des fonctionnaires et donc à une augmentation de leurs grilles salariales et de leurs primes.

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Avantagés par rapport aux autres fonctionnaires. Le "coût annuel" de ces mesures "a été largement supérieur aux économies résultant des réductions d'effectifs", indique la Cour des comptes. Les dépenses de rémunération ont ainsi "augmenté" de plus de 10% dans la police, de plus de 5% dans la gendarmerie contre un peu plus de 4% pour l'ensemble des fonctionnaires de 2006 à 2011.

Vers une pause salariale ? Pour rétablir une certaine égalité avec les autres fonctionnaires, la Cour des comptes préconise une "pause salariale" dans la police et la gendarmerie. Une proposition qui suscité la colère des syndicats de police. Ces derniers ont vivement réagi à cette suggestion qualifiée par Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie de "prétexte" pour "entraver" les négociations prévues en avril avec le ministère de l'Intérieur.

Un rapport 'parcellaire, partiel et partial".  "Nous sommes contre", a dit son homologue du Snop-SCSI, Jean-Marc Bailleul, "à moins de faire des propositions" comme celle "de supprimer le coûteux statut militaire des gendarmes". Les syndicats estiment tous que le rapport ne tient pas compte de la "spécificité" du métier, "sa dangerosité", sa "pénibilité" l'absence de droit de grève, ajoute Frédéric Lagache d'Alliance. Ce rapport est "parcellaire, partiel et partial", résume Patrice Ribeiro.

Autre aspect du travail des policiers et des gendarmes épinglé par la Cour des comptes : les heures supplémentaires. La Cour déplore "l'impossibilité" de les récupérer et les accumulant au fil du temps. Elle estime leur nombre à 19 millions d'heures au total soit "12.000 à 13.000 emplois sur une année".