Pâques : de plus en plus de baptêmes à l'âge adulte

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Noémi Marois et Arthur Helmbacher avec AFP , modifié à
RELIGION - Ils seront près de 4.000 à se faire baptiser en ce week-end de Pâques, un chiffre en hausse depuis 10 ans.

Des églises qui se désertifient les dimanches, des séminaristes en voie de disparition et de moins en moins de baptêmes… l'Eglise catholique de France ne se porte pas au mieux. Et pourtant. En ce week-end pascal, 5.000 personnes dont 1.000 adolescents ont prévu de se faire baptiser, un chiffre en hausse de 30% depuis 5 ans. Même si le poids des catéchumènes adultes pèse peu dans la masse totale des catholiques de l'Hexagone, le phénomène démontre que l'Eglise résiste à la sécularisation de la société française.  

+50% en 10 ans. En ce samedi saint pour les catholiques, ils seront 3.790 adultes à se faire baptiser en France contre 2.409 en 2005, soit une augmentation de 50%. Le profil de ces convertis ? Une petite moitié d'entre eux sont issus de famille sans culture religieuse particulière. Les professions intellectuelles y sont moins représentées que les ouvriers, employés et techniciens. Enfin, ces catéchumènes sont relativement jeunes (25-35 ans) et souvent issus d'un milieu urbain.

"Donner du sens à sa vie". Mais alors que les bancs d'église sont loin de faire le plein les jours de messe, quelle explication apporter à ce phénomène ? Le père Philippe Marxer, chargé du catéchuménat à la Conférence des évêques de France, évoque "des raisons très diverses, qui appartiennent à chaque personne". "Il y a des phénomènes déclencheurs, comme une demande pour être parrain ou marraine, des événements dans la vie qui peuvent jouer, tels la naissance d'un enfant, le décès d'un parent", explique-t-il.

Le prêtre note aussi "des petites différences" par rapport aux anciennes générations. "Il y a cinquante ans, les candidats au baptême demandaient à avoir un lien d'intimité avec Dieu et à œuvrer dans le monde". Alors qu'aujourd'hui, il observe plutôt "un désir de donner du sens à sa vie". 

Le père Daniel, lui, gère les catéchumènes du diocèse d'Alsace. Samedi, 62 personnes se feront baptisées à Strasbourg, c'est le double par rapport à il y a deux ans. "On est sorti d'une société dit de chrétienté et on est rentré dans une société où la règle, c'est l'authenticité personnelle", estime-t-il, interrogé par Europe 1. Selon lui, "les personnes sont devenues des quêteuses de sens".

"J'ai été rempli de pas mal de questions". Nicolas, 25 ans, jogging et basket, a été ému quand, vendredi, il a assisté à sa dernière messe d'avant baptême. Cet ouvrier dans l'industrie qui vit en Alsace rentrera dans la communauté des chrétiens samedi. "J'ai perdu mon père à l'âge de 14 ans et soudainement, j'ai été rempli de pas mal de questions", explique-t-il à Europe 1. Par exemple, "si je meure sans baptême, est-ce que je vais errer dans le ciel ?", s'est-t-il alors interrogé. Il rapporte avoir eu "plusieurs manifestations de dieu depuis 10 ans". Le signe selon lui que désormais, sa vie doit "prendre un tournant". 

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