"On a feint l'homosexualité"

© MAXPPP
  • Copié
avec Marie Peyraube et AFP , modifié à
Les tortionnaires de Bruno Wiel se sont renvoyé la balle lundi devant la Cour d'assises.

Les tortionnaires présumés de Bruno Wiel sont revenus lundi devant la Cour d'assises sur cette soirée de 2006 où ce jeune homosexuel a été amadoué avant d'être agressé et torturé à Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. Ils ont prétendu avoir voulu voler la carte bleue de la victime alors que le procès doit déterminer le degré d'homophobie dans les motivations des accusés.

Les quatre jeunes originaires de Thiais croisent Bruno Wiel à Paris dans le quartier du Marais la nuit du 19 au 20 juillet 2006. L'un des quatre accusés, David Deugoué N'Gagoué, témoigne à la barre : "Bruno Wiel "nous a proposé des relations charnelles. Vu que mes coaccusés voulaient le dépouiller de sa carte bancaire (...), on a feint l'homosexualité". Mais Bruno Wiel semble réticent à les suivre et à monter dans la voiture de ces quatre jeunes. "On lui a dit : 'Viens avec nous, on va à l'hôtel' (...) Il a fini par céder", poursuit-il, assurant que la victime était "consentante" et en niant avoir joué le rôle d'appât.

Un autre accusé nie pour sa part avoir simulé l'homosexualité, reconnaissant tout juste avoir "palpé" la victime pour savoir si elle possédait une carte bancaire. La suite des événements est confuse dans la bouche des accusés, ils se renvoient la balle, un reconnaît avoir "sodomisé" la victime, mais ne se l'explique "toujours pas". Un autre avoue l'avoir frappé en lui lançant, "on n'est pas des pédés".

"Des crapules de base"

Pour la victime, Bruno Wiel, il est "impossible" qu'il ait pu volontairement monter dans la voiture, a-t-il déclaré pour son premier témoignage devant la Cour. Mais il ne peut en dire guère plus, lui qui a tout oublié des faits en raison de la violence de son agression. Des clichés présentés à la Cour ont montré son corps martyrisé et couvert d'hématomes. Frappé, brûlé, et sodomisé à l'aide d'un bâton, Bruno Wiel est resté 15 jours dans le coma avant d'être hospitalisé pendant près de sept mois.

Pour Me Maltet, l'avocate de la victime, les témoignages des quatre accusés sont consternants. "C'est de plus en plus diffus, on se couvre entre copains les uns les autres, on est vraiment dans un comportement de canailles et de crapules de base (...) il n'y a aucune volonté de livrer à Bruno la vérité, contrairement à ce qui lui a été promis la semaine dernière", a-t-elle réagi au micro d'Europe1.

"Ce que j'ai entendu me fait hurler, nous sommes face à de splendides comédiens", a pour sa part déclaré Bruno Wiel à la Cour. Le verdict est attendu vendredi.