Noisy-le-Sec : une polémique sans fin

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Policiers dans la rue, juges accusés, surenchère politique : les tensions se cristallisent.

Amine Bentounsi doit être inhumé mercredi à Meaux, en Seine-et-Marne, mais cet enterrement risque de ne pas éteindre pour autant la polémique. La mort de ce multirécidiviste recherché et tué par un policier le 21 avril à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, a en effet provoqué une avalanche de réactions indignées. Europe1.fr fait le point sur l’enquête et ses suites.

Un mort et des questions. Samedi 21 avril au soir, la police, prévenue par un appel, part en quête d’Amine Bentounsi, recherché pour des vols à main armée et aperçu dans le centre-ville de Meaux. Alors que trois de ses collègues sont à pied, un policier en voiture tombe nez-à-nez avec le suspect.

Ce face-à-face se conclut par quatre coups de feu, dont un blesse mortellement le fuyard. Le policier affirme avoir agi en légitime défense : le suspect se serait tourné vers lui et "l'aurait alors visé en tendant son bras armé vers lui", poussant le policier à ouvrir le feu.

Le policier mis en examen. L’autopsie a néanmoins remis en cause certaines de ces affirmations. La victime a été tuée par une balle reçue dans son dos, ce qui indique qu’elle fuyait et non qu’elle visait le policier. Un témoin de la scène a confirmé cette version, tout en reconnaissant s’être mis à l’abri dès le premier coup de feu.

Le fonctionnaire est mis en examen dans la foulée pour ‘homicide volontaire’, une qualification qui provoque la fureur des policiers. Les juges ont beau parler ensuite de ’tirs volontaires’ mais ’incontrôlés’, aussi appelé "tirs de panique", rien n’y fait. De son côté, la famille du décédé dénonce une "bavure".

La fureur de ses collègues. Les policiers s’attendaient à une mise en examen pour ‘violences ayant entraîné la mort’, voire pour homicide ‘involontaire’ mais certainement pas ‘volontaire’.  Déjà confronté à un manque de moyens, les policiers s’insurgent alors contre les juges, qu’ils accusent de privilégier les délinquants au détriment des policiers. Les agents se mobilisent donc et, chose rare, défilent le 25 avril toutes sirènes allumées sur les Champs-Elysées puis organisent une grève du zèle le lendemain à Angers.

La "présomption de légitime défense", tournant politique. Face à l’ampleur de la grogne policière, les politiques n’ont pas tardé à s’emparer de l’affaire. "Je le regrette. ( …) Je pense que le chef de mise en examen est malheureux ", a ainsi estimé le 27 avril le ministère de l’Intérieur Claude Guéant, avant de préciser qu’il aurait souhaité que le parquet de Bobigny fasse appel.

C’est ensuite au tour de Nicolas Sarkozy de promettre une "présomption de légitime défense" pour les policiers, une mesure proposée par le Front National. Le président-candidat a ensuite rencontré les syndicats de policiers, tout comme son adversaire François Hollande. Profitant de la période électorale, les policiers maintiennent la pression et ont de nouveau défilé mardi 1er mai à Lyon.

Une marche blanche organisée par la famille. Cette mobilisation politique et policière que déplore la famille du décédé : "la fin d'une vie ne saurait être une fin électorale", a-t-elle souligné, avant de promettre une marche blanche mercredi à Meaux en l’hommage à celui à qui "on en a toujours voulu". Les parents d'Amine Bentounsi ont par ailleurs annoncé qu'ils se portent parties civiles, dénonçant "les déclarations faites par l'avocat du policier, (...) en totale violation du secret de l'instruction".