Manifestation "Jour de colère" : 250 gardes à vue

Au moins 150 personnes ont été interpellées dimanche soir au moment de la dispersion de la manifestation anti-Hollande qui a rassemblé à Paris entre 17.000 personnes selon la police et 160.000 selon les organisateurs.
Au moins 150 personnes ont été interpellées dimanche soir au moment de la dispersion de la manifestation anti-Hollande qui a rassemblé à Paris entre 17.000 personnes selon la police et 160.000 selon les organisateurs. © Reuters
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avec Chloé Triomphe et AFP , modifié à
CONTESTATION - Une vingtaine de policiers ont été blessés dimanche lors du rassemblement à Paris.

"Jour de la colère". Le mouvement portait bien son nom. 262 personnes ont été interpellées et 250 d'entre elles ont été placées en garde à vue, dimanche soir, à la fin de la manifestation anti-Hollande organisée par le collectif "Jour de colère", un rassemblement hétéroclite de personnes venant d'horizons très différents. Des heurts ont éclaté au moment de la dispersion du cortège entre quelques centaines de manifestants et les forces de l'ordre. Au cours de la manifestation, 19 policiers ont été blessés, dont un "potentiellement gravement".

Comment s'est déroulée la manifestation ? La mobilisation anti-Hollande a rassemblé à Paris entre 17.000 personnes selon la police et 160.000 selon les organisateurs. Tous ont défilé contre "l'action gouvernementale" et pour demander la destitution du président de la République, jugé "incapable" et "impopulaire". Pendant le défilé, beaucoup de manifestants arboraient des drapeaux tricolores, ou bretons, des bonnets rouges, des drapeaux à la fleur de lys, des banderoles de la Manif pour tous.

La statue de la place Vauban "rhabillée" avec un bonnet rouge et un ananas :

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En queue de cortège, quelque centaines de sympathisants de Dieudonné criaient "Liberté d'expression", dans une allusion à l'interdiction faite à l'humoriste de jouer son spectacle en raison de sa tonalité antisémite. Des slogans anti-Israël, ou "CRS, milice des juifs", ont également été entendus. Des journalistes accusés d'être des "collabos" ont été pris à partie, avec des jets de projectiles. A l'arrivée du cortège place Vauban, une partie de la foule criait: "La France aux Français, bleu blanc rouge !", prévenant: "Ça va péter, ça va péter".

Des "quenellistes" devant les Invalides à Paris :

Des quenelles en marge de la manifestation jour de colère dimanche 26 janvier

© Max PPP

Y-a-t-il eu des affrontements pendant la manifestation ? Au cours de la manifestation, 19 policiers ont été blessés, dont un "potentiellement gravement" après avoir reçu un pavé dans la mâchoire. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a "condamné avec la plus grande fermeté les violences contre les forces de l'ordre commises par des individus, des groupes hétéroclites, de l'extrême et de l'ultra droite, dont le but n'est que de créer du désordre en n'hésitant pas à s'en prendre avec violence aux représentants des forces de l'ordre".

Les manifestants du jour de colère le 26 janvier

© Max PPP

Que s'est-il passé en marge de la manifestation ? A l'issue de la manifestation, des centaines de personnes, cagoulées et portant des masques de ski pour certaines, ont lancé des projectiles, bouteilles, pétards, barres de fer, poubelles et fumigènes contre les forces de l'ordre qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes. "Ça a dégénéré au moment de la dispersion. Des groupes d'individus s'en sont pris à nos collègues de manière extrêmement violente. Les collègues ont parlé de pluie de projectiles. Un de mes collègues, qui avait sa visière levée, a reçu un projectile en pleine face. Ce n'est pas un accident malheureux. C'est véritablement une action délibérée contre les policiers qui étaient sur place pour assurer la sécurité", déplore Nicolas Comte, secrétaire général de SGP Police-Force Ouvrière, contacté par Europe 1. Finalement, les fauteurs de troubles ont été dispersés peu après 20 heures.

Combien de personnes ont été interpellées ? La grande majorité des 262 personnes qui ont été interpellées "venaient au contact des forces de l'ordre au moment de la dispersion", a indiqué une source policière. Elles ont été acheminés dans les commissariats de la capitale en milieu de soirée. 250 d'entre elles ont été placées en garde à vue. Sur les 250, douze personnes ont été interpellées en début de manifestation dont cinq pour "port d'armes prohibées".

Une vidéo des affrontements avec la police :

Qui sont les casseurs ? Les organisateurs de la manifestation ont attribué les violences de dimanche à "des provocateurs de la police, sans uniforme, agressant les forces de l'ordre elles-mêmes pour leur fournir un prétexte à la répression", dans un communiqué diffusé dans la soirée. "Une fois de plus, on a des éléments extrêmement radicaux, des manifestants extrémistes, qui ont comme seul objectif de semer le désordre et de s'en prendre à la police nationale", constate Nicolas Comte.

Qui étaient les manifestants ? Il est difficile de se faire une idée précise de leur profil, tant les participants à la manifestation venaient d'horizon différents. Mais selon les témoins sur place, le collectif "Jour de colère", rassemble des intégristes catholiques, des opposants au mariage homosexuel, des partisans de Dieudonné, des homens, des identitaires, des patrons en colère et des familles.