Les parties civiles accablent Colonna

Les parties civiles disent ne pas croire à l'image qu'a voulu projeter Yvan Colonna durant son procès.
Les parties civiles disent ne pas croire à l'image qu'a voulu projeter Yvan Colonna durant son procès. © MAXPPP
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avec Marie Peyraube et AFP , modifié à
La culpabilité du berger corse ne fait aucun doute, ont réaffirmé les avocats de la famille Erignac mardi.

L’étau se resserre autour d’Yvan Colonna. A la veille du réquisitoire, les avocats de la famille du préfet Erignac assassiné en 1998 se sont succédé à la barre mardi pour démontrer qu’il n’y avait aucun doute sur la culpabilité d’Yvan Colonna. Les avocats ont écarté un à un les arguments développés par la défense durant le troisième procès du berger corse.

Un portrait sans concessions du berger corse

"Yvan Colonna est un lâche, un menteur, il n’a laissé aucune chance à sa victime". C’est en ces termes que Me Baudelot, conseil de la veuve et des enfants du préfet a tenu à mettre les choses au clair mardi devant la cour d'assises spéciale de Paris. "Il y a une condamnation à mort qui a été votée par sept illuminés, il (Claude Erignac) a été exécuté, il n’a eu aucun droit de la défense, aucun appel, aucun droit de pourvoi en cassation, rien", a ensuite déclaré au micro d’Europe1 Me Baudelot.

"Il y a un contraste vraiment saisissant, et extraordinairement choquant, entre le respect des droits exigés par Yvan Colonna, et l’invraisemblable légèreté avec laquelle on a décidé d’assassiner un type qui n’y était pour rien, et auquel on n’avait rigoureusement rien à reprocher", a-t-il ajouté.

Les parties civiles ont par ailleurs dit ne pas croire à l'image qu'a voulu projeter Yvan Colonna durant son procès. L'accusé "veut se faire passer pour un nationaliste raisonné en quelque sorte, le bon berger de Cargèse", mais "cette apparence est fausse", a ironisé Me Courcelle Labrousse, qui représente le frère du préfet assassiné. Souhaitant rappeler qui était la véritable victime, Me Baudelot a esquissé le portrait du préfet. "Un homme simple, qui refusait les gardes du corps, parcourait la Corse à vélo, et voulait montrer que dans l’île comme ailleurs, le préfet devait être proche de la population", a-t-il dépeint.

La défense de Colonna mise à mal

S'appuyant sur les mises en cause initiales de ses complices présumés, l’ensemble des avocats des parties civiles ont écarté un à un les arguments développés par la défense.

Ces derniers avaient remis en cause les explications avancées par certains membres du commando, condamnés en 2003, pour expliquer leur dénonciation initiale d'Yvan Colonna et leur rétractation tardive. L'un d'eux, Pierre Alessandri, avait fait état d'une "rancune", voire de "haine", parce que Colonna aurait refusé de participer à leurs actions. Pourtant Pierre Alessandri, Alain Ferrandi, considéré comme le chef du commando, et Yvan Colonna, sont "allés faire la bringue ensemble à Paris", quelques mois après l'assassinat du préfet, en septembre 1998, a déclaré Me Courcelle Labrousse.

Les avocats ont aussi écarté la thèse du "complot policier" soutenue par la défense, qui part du "postulat que les policiers ont soufflé aux gardés à vue le nom d'Yvan Colonna". Pour Me Baudelot, la lettre de menaces qu'aurait envoyée Yvan Colonna à Pierre Alessandri, quelques mois avant le procès, afin qu'il l'innocente de façon convaincante, montre qu'"on manipule des témoins pour les faire revenir sur leurs accusations, de façon désespérée".

Le ministère public doit prononcer son réquisitoire mercredi. Le verdict est attendu d'ici lundi 20 juin.