Les médecins rejugés se renvoient la faute

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avec Raphaëlle Shapira
Deux praticiens sont accusés d’avoir négligé leur patiente, décédé après avoir accouché.

Les procès se suivent mais leur défense demeure : ils n’y sont pour rien. Deux médecins, jugés devant la cour d'appel de Versailles pour la troisième fois après le décès d'une patiente suite à son accouchement, ont rejeté mercredi toute responsabilité.

Sophie Porte, décédée faute de suivi

Le gynécologue obstétricien Patrick Sibella et son confrère anesthésiste Didier Bouquiaux sont poursuivis pour homicide involontaire, soupçonnés de graves négligences dans le suivi de Sophie Porte.

Cette dernière est morte quelques heures après son accouchement d'une "hémorragie de la délivrance", le 7 mai 1998, jour de ses 39 ans. Le médecin était reparti dans son cabinet pour des consultations tandis que l’anesthésiste, parti jouer au golf, avait éteint son téléphone portable.

Chacun rejette la faute

Le troisième passage des accusés devant la justice n’a permis aucune avancée. L'anesthésiste a rejeté la faute sur son collègue médecin qui a, lui-même, rejeté la faute sur la sage-femme.

"Si j'avais eu le moindre doute quant à une hémorragie secondaire, je serais resté", a assuré l'anesthésiste, avant d’ajouter avoir "commis non pas une négligence, mais une erreur de diagnostic, mais qui n'était pas à ma portée car j'avais des informations erronées" de la part du docteur Sibella.

Le gynécologue a pour sa part mis en cause la sage-femme, qui n'a, selon lui, "pas surveillé Madame Porte". "On a des preuves formelles : à 14 heures 30 elle est partie manger et à 15 heures elle accouchait une autre patiente", a-t-il accusé.

La sage-femme tentait de les contacter

Cette dernière, 71 ans au moment des faits, avait pourtant été relaxée en appel. Entendue comme témoin, Françoise Bicheron a pourtant dit avoir constaté que la patiente "n'était pas bien du tout".

Restée seule auprès de Sophie Porte, dont l'état s'était brusquement aggravé, la sage-femme avait en vain tenté de contacter les deux médecins. En fin d'après-midi, Sophie Porte avait succombé à son hémorragie.

"C’est encore pire que je ne le pensais"

"Quand ils parlent de flaques de sang, de faire des examens, qu’elle était livide, qu’on ne s’occupait pas d’elle… C’est affreux et on revit tout cela à chaque fois ", a réagi sur Europe 1 la sœur de la victime à la sortie de l’audience, avant d'ajouter : "c’est encore pire que je ne le pensais".

Le mari de la victime, qui déclare "attendre des explications humaines" de ce nouveau procès, est, lui aussi ressorti de l’audience déçu, qualifiant de "manque complet d'humanité" les dénégations des deux médecins.

Les deux médecins, condamnées en première instance en mai 2009, continuent à exercer à Neuilly-sur-Seine,  ayant obtenu l’annulation de leur première condamnation par la Cour de cassation en juin 2010.