Le code informatique dès le CE1, une bonne idée ?

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 - Au menu des projets de programmes de l'école élémentaire dévoilés lundi, l'enseignement du code informatique dès le primaire est salué comme "une bonne nouvelle", mais…

Le code informatique devrait bel et bien faire son entrée dans les programmes scolaires. Et ce dès le primaire, d'après les lignes directrices des projets de programmes de l'école élémentaire du Conseil supérieur des programmes (CSP) dévoilées lundi.

Bonne nouvelle ? Europe1 a posé la question à Nicolas Sadirac, co-fondateur avec Xavier Niel de l'école 42 dont le credo est : "born to code" ("né pour coder"), et à Gilles Babinet, responsable des enjeux de l'économie numérique pour la France auprès de la Commission européenne.

Logiciel et algorithmes en CE1/CE2. "Dès le CE1, les élèves peuvent coder des déplacements à l’aide d’un logiciel de programmation adapté, ce qui les amènera en fin de CE2 à la compréhension, et la production d’algorithmes simples", peut-on lire dans la première mouture élaborée par le Conseil supérieur des programmes (CSP) et dévoilée lundi. Ce texte n'est qu'au stade de projet mais potentiellement dès la rentrée 2017 - le nouveau curriculum entrera en vigueur à la rentrée 2016 pour la première année de chaque cycle et le CE1 est la seconde année du cycle 2 -  les élèves de CE1 pourraient apprendre à coder.

"Une bonne nouvelle, mais…" "A priori, c'est une bonne nouvelle mais la question c'est le comment", réagit Nicolas Sadirac. "Le plus tôt, le mieux. Mais à condition que l'approche soit ludique, créative et pragmatique sinon la bonne idée de départ pourrait se transformer en mauvaise idée", précise-t-il. C'est-à-dire ? "Si le cours est trop théorique, l'informatique peut finir par ressembler à un cours de maths et des élèves qui ont pourtant du potentiel en informatique pourraient être rebutés et perdre confiance en eux", détaille-t-il en précisant qu'à l'école 42, les cours de maths s'apparentaient davantage à des cours de dessin et que beaucoup d'élèves étaient surpris par "la simplicité du code".

"Une révolution, si…". Même enthousiasme mâtiné, d'une certaine réserve chez Gilles Babinet : "cela peut être le début d'une révolution : le code peut participer à l'éveil cognitif des enfants, les pousser à collaborer et leur donner une clé de compréhension du monde", explique-t-il. Mais pour lui, cet apprentissage doit aller de paire avec une évolution du modèle pédagogique qui passerait par "la suppression des notes, l'éducation inversée (qui consiste à faires des exercices pratiques en classe avec le professeur et à aborder les savoirs théoriques chez soi ou en autonomie, NDLR) à la manière du modèle scandinave". "Si le code est enseigné de manière magistrale, cela n'a aucun intérêt", tranche-t-il.

D'autres pays sont, eux, en tout cas déjà passés à la pratique en matière d'enseignement du code informatique : en Grande-Bretagne, depuis la rentrée, par exemple, de tels cours sont obligatoires pour les enfants… dès 6 ans.