L'ex-patron de l'UIMM ne lâche pas de noms

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Chloé Triomphe et , modifié à
Lors du procès, Denis Gautier-Sauvagnac a couvert les bénéficiaires de l'argent de la caisse noire de l'UIMM.

"Ça ne m'amuse pas de ne rien dire". Au troisième jour du procès de l'argent des caisses noires de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) le secret reste entier. L'ancien patron de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac, qui comparaît depuis lundi aux côté de huit cadres est en effet resté muet sur les bénéficiaires des 16 millions d'euros d'argent liquide versés par l'organisme entre 2000 et 2007. Pour rappel, Denis Gautier-Sauvagnac avait expliqué à l'époque de l'enquête que cet argent servait à "fluidifier le dialogue social". Mais pour les enquêteurs, cet argent était versé en liquide aux organisations syndicales. L'UIMM est donc poursuivi pour "abus de confiance" et "travail dissimulé".

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"Ce serait les trahir". A la barre, Denis Gautier-Sauvagnac semble presque s'excuser, par politesse, par peur que le tribunal ne prenne son silence obstiné pour de l'arrogance. En termes choisis, il explique alors qu'il ne veut pas "trahir" les organismes qui ont perçu les mallettes d'argent liquide. "Je ne veux pas impliquer des organismes ou des personnes physiques avec qui j'ai tissé des liens de confiance pendant toutes ces années à l'UIMM. Ce serait les trahir", a-t-il commenté mercredi devant les juges du tribunal correctionnel de Paris.

Ne rien dire "compte tenu des noms". Mais la cour insiste. Le juge lui demande si révéler les noms des bénéficiaires des valises de billets de l'UIMM choquerait aujourd'hui l'opinion publique. La réponse fuse. "Oui, bien sûr. Compte tenu des noms en cause, bien sûr", affirme Denis Gautier-Sauvagnac, immense et raide à la barre des prévenus. Pourtant, dans le monde patronal et syndical, il s'agit d'un secret de polichinelle.

"Toujours dans un cadre légal". Et beaucoup disent à voix basse que ces mallettes d'argent liquide auraient servi à financer des organisations syndicales de la métallurgie (CFTC, CFE-CGC, FO, CFDT). Des syndicats donc, mais aussi des journalistes, des sociologues, des bureaux d'études et même des politiques. Des informations confirmées mercredi par Denis Gautier-Sauvagnac. "Pour les partis, je n'avais pas la possibilité de vérifier et pour les parlementaires, oui, certains ont soutenu des amendements mais cela s'est toujours fait dans un cadre légal", a-t-il juré, refusant toutefois de donner des noms. Et apparemment, même le risque d'une condamnation par le tribunal ne suffit pas à dénouer les langues.