Karrek Ven : "Kameneff était Dieu le Père"

Jacques avait 11 ans lorsqu'il est arrivé sur le Karrek Ven. Il sera partie civile au procès.
Jacques avait 11 ans lorsqu'il est arrivé sur le Karrek Ven. Il sera partie civile au procès.
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et Chloé Triomphe , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Jacques avait 11 ans à son arrivée sur le bateau. Il est partie civile au procès.

L'info. Il avait onze ans lorsqu'il a embarqué à bord du Karrek Ven pour "vivre une aventure hors du commun". Mais Jacques*, 34 ans aujourd'hui, fait partie des parties civiles au procès du Karrek Ven, qui s'ouvre lundi devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Il accuse Leonide Kameneff, le fondateur de l’École en bateau, de l'avoir violé.

"On partait à l'aventure, c'était le rêve". "J'avais 11 ans quand je suis parti sur le bateau. J'avais envie de vivre une aventure hors du commun. Là, on partait à l'aventure, c'était le rêve", raconte Jacques au micro d'Europe 1. Mais une fois à bord, tout ne se passe pas aussi bien qu'il l'avait imaginé.

"Ça se passait la nuit. Ils vous tombaient dessus" :

"Quand on arrive sur le bateau, le groupe existe déjà. Il y a déjà des règles, des pratiques. Et à 11 ans, on s'adapte, on fait comme tout le monde", explique le jeune homme. "On vous explique que la société est pourrie, pleine de carcans, et donc ce que vous allez vivre à l’École en bateau est complètement libéré de tout ça", se souvient-il encore.

Des pratiques déviantes. Et parmi ces pratiques du bord, Jacques dénonce des attouchements sexuels et des viols. "Ça se passait la nuit. Ils vous tombaient dessus. Toi, t'as 11 ans, tu sais pas comment réagir, tu te laisses faire et de toute façon on t'explique que c'est bien pour toi. Tu vois que les autres le font aussi, donc tu le fais", explique-t-il.

D'autant que l'emprise du fondateur de l’École en bateau était immense, assure le jeune homme. "Sur le bateau, Leonide Kameneff c'était Dieu le Père. Il fallait absolument lui plaire parce que sinon, on ne pouvait pas poursuivre l'aventure. Il y avait toujours cette pression sur nos épaules, cette emprise psychologique qui faisait qu'on était toujours plus au moins à son service, au service de ses désirs et de ses déviances", conclut Jacques.

* le prénom a été modifié.